ASH VS. EVIL DEAD (2015-2018)

La saga Evil Dead se prolonge sur le petit écran sous les bons auspices de Sam Raimi en personne

ASH VS. EVIL DEAD

2015/2018 – USA

Créée par Sam Raimi

Avec Bruce Campbell, Ray Santiago, Dana DeLorenzo, Lucy Lawless, Jill Marie Jones, Lee Majors

THEMA ZOMBIES I DIABLES ET DEMONS I SAGA EVIL DEAD

Initiée, produite et partiellement réalisée par Sam Raimi, la série Ash Vs. Evil Dead est un véritable cadeau offert aux amateurs de la trilogie culte mettant en vedette Bruce Campbell et son légendaire bras-tronçonneuse. L’horreur, l’humour et le gore décomplexé s’y taillent allègrement la part du lion. Réalisé par Raimi lui-même, le premier épisode, diffusé le 31 octobre 2015 sur la chaîne Starz, est un petit miracle qui trouve instantanément la juste tonalité et le parfait équilibre entre le rire et la terreur. Si la comédie potache, volontiers graveleuse, est assumée dès l’entame du pilote, à travers le portrait peu reluisant d’un Ash vieillissant, pataud et pathétique, c’est pour mieux virer à la terreur pure quelques minutes plus tard. La série n’aura de cesse, dès lors, d’alterner le rire et l’horreur, offrant aux téléspectateurs comblés au moins un combat spectaculaire par épisode et une dose massive de gore excessif proche des délires sanglants de Peter Jackson dans Bad Taste et Braindead. Les nombreux monstres qui se dressent sur la route d’Ash rivalisent d’inventivité, et certains d’entre eux – notamment le démon aux dents acérées surgi dans la vieille librairie du troisième épisode ou les enfants blafards du grand final – s’avèrent franchement angoissants.

Lorsque nous découvrons Ash au début de la série, c’est un vendeur désabusé aux maigres ambitions. Vivant reclus dans une caravane accrochée à sa vieille Oldsmobile Delta 88 (la propre voiture de Sam Raimi qui apparaît dans tous ses films depuis le premier Evil Dead), il dépense son maigre salaire en alcool et drague grossièrement toutes les femmes qui passent à sa portée. Dans le registre de l’autodérision, Bruce Campbell excelle, prouvant une fois de plus ses talents d’acteur comique et n’hésitant jamais à jouer sur sa propre image d’ancien « jeune premier » ayant désormais pris un sacré coup de vieux. Un soir de beuverie, il extrait le Necronomicon de sa cachette et décide d’en lire à voix haute certains passages pour impressionner sa conquête du moment. Évidemment, les conséquences vont s’avérer désastreuses. Les démons se réveillent en grand nombre, et seul Ash semble capable de les arrêter. Après trente ans d’inactivité et de fuite de ses responsabilités, l’ancien « Elu » va devoir reprendre les armes (autrement dit le fusil et le bras-tronçonneuse) pour lutter contre le mal.

Les nouveaux maléfices du Necronomicon

Rien n’interdit de voir à travers ce personnage iconique une sorte de miroir déformant de Sam Raimi lui-même. A l’écran, personne d’autre qu’Ash n’est capable de lutter contre les démons du Necronomicon. Derrière la caméra, personne d’autre que Sam Raimi ne semble capable de ressusciter dignement le mythe qu’il créa lui-même 35 ans plus tôt. En toute logique, Raimi est l’homme qui sait le mieux comment retrouver l’alchimie unique ayant donné naissance au culte d’Evil Dead. Mais il lui faut aussi du sang neuf. Voilà pourquoi, après avoir donné le ton au cours du pilote, il cède le pas à d’autres réalisateurs pour les épisodes suivants. De la même manière, Ash n’est plus tout seul pour affronter les monstres démoniaques. Il s’adjoint les services de deux de ses ex-collègues de travail, Kelly (Dana Delorenzo) et Pablo (Ray Santiago), entre lesquels semble vouloir se nouer une romance complexe qui ajoute un grain de sel rafraîchissant à l’intrigue. D’autres personnages clefs viennent s’adjoindre au récit, notamment Amanda Fisher (Jill Marie Jones), une femme flic qui mène l’enquête autour des cadavres semés par Ash, et l’athlétique Ruby (Lucy Lawless, ex-Xena la guerrière), dont les motivations demeurent longtemps énigmatiques. L’aventure prend assez rapidement les atours d’un road movie au cours duquel les héros traversent une partie de l’Amérique profonde. Poupées possédées, grands-mères zombifiées, serveuses démoniaques ou miliciens morts-vivants se dressent dès lors sur le chemin de nos héros qui ont bien du mal à reprendre leur souffle. Tournée près d’Auckland, en Nouvelle-Zélande, la série bénéficie d’effets spéciaux de maquillage extrêmement spectaculaires conçus par Roger Murray, qui avait déjà supervisé ceux du remake d’Evil Dead en 2013. Pour la bande originale, Sam Raimi s’est tourné vers son vieux complice Jo LoDuca, qui avait mis en musique les trois Evil Dead ainsi que les séries Hercule, Xena et Spartacus, produites par Raimi. Ses retrouvailles avec son premier compositeur s’avèrent symbolique et marquent un retour aux sources des plus enthousiasmants.
 
© Gilles Penso