THE BABYSITTER (2017)

Un slasher semi-parodique conçu directement pour Netflix et dirigé par un McG qu'on a connu plus inspiré

THE BABYSITTER

2017 – USA

Réalisé par McG

Avec Bella Thorne, Samara Weaving, Robbie Amell, Judah Lewis, King Bach

THEMA TUEURS 

Mais qu’est-il arrivé à McG ? L’ancien clippeur devenu cinéaste avait su transposer avec panache la série Charlie Angels sur le grand écran, et même réaliser le meilleur épisode de la saga Terminator non dirigé par James Cameron. Comment s’est-il donc retrouvé à la tête d’un téléfilm aussi anecdotique ? Visiblement persuadé qu’une fille sexy, un héros adolescent et des litres de sang étaient des ingrédients suffisants pour garantir un succès immédiat auprès du public teenager, McG s’est lancé dans une sorte de mixage improbable entre Scream et Maman j’ai raté l’avion destiné directement à une diffusion sur Netflix. 

Le personnage central de The Babysitter est Cole Johnson, un garçon de douze ans qui subit de manière récurrente le harcèlement de plusieurs de ses voisins. Intelligent mais sans doute trop naïf, il échappe à ce quotidien morose grâce à la présence de Bee, sa baby-sitter. Cette jolie jeune femme déborde de charisme et semble la seule personne de son entourage à ne pas l’infantiliser. Le lien très fort qu’ils ont noué leur permet de se considérer comme des amis. Mais Cole est persuadé que Bee attend qu’il s’endorme pour inviter des garçons dans la maison. Un soir, alors qu’il l’espionne, il la surprend avec un groupe de jeunes gens bizarres qui assassinent l’un des leurs et récupèrent son sang. Car Bee est à la tête d’une secte dont le but est d’invoquer un démon maléfique. Quand le groupe découvre que Cole les espionnait, ce dernier va devoir se battre pour survivre. 

D'une désespérante vacuité…

Si McG insiste lourdement en début de métrage sur la fragilité de Cole, qui a peur de tout et que tout le monde traite de poule mouillée, ce trait de caractère ne réapparait jamais par la suite, comme si le scénario s’improvisait au fur et à mesure. Sous couvert de second degré, The Babysitter oublie de caractériser ses personnages et se contente de mettre en scène des stéréotypes. De fait, comment croire une seconde à ce groupe de jeunes idiots qui pratiquent la magie noire en dilettantes ? Aucun cliché ne nous est épargné, pas même le sempiternel faire-valoir noir qui est censé nous faire rire en poussant des cris et en adoptant la « cool attitude ». Le film abonde de meurtres saignants (couteaux plantés dans un crâne, lance transperçant un œil, égorgements) sans pour autant trouver le ton juste. Pas assez excessif pour basculer dans les excès drôles d’un Braindead ou d’un Ash vs. Evil Dead, pas assez réaliste pour effrayer, The Babysitter ne sait visiblement pas sur quel pied danser. En désespoir de cause, le réalisateur s’amuse avec sa caméra pour combler les vides. Ces plans-séquences en vue subjective, ces caméras embarquées, ces ralentis, ces incrustations de titrages décalés ne sont pas inintéressants, mais comment les interpréter autrement que des cache-misères s’efforçant de dissimuler le néant scénaristique du film sous une couche esthétique ? Un peu plus de sincérité et d’amour réel du genre pastiché n’aurait pas nui à cette œuvrette d’une désespérante vacuité.
 
© Gilles Penso

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