ELMER LE REMUE-MÉNINGES (1987)

Le réalisateur de Frère de Sang mixe une fois de plus le gore et le burlesque sans la moindre modération

BRAIN DAMAGE

1987 – USA

Réalisé par Frank Henenlotter

Avec Gordon Mac Donald, Jennifer Lowry, Rick Hearst, Theo Barnes, Lucille Saint-Peter, Vicki Darnell, Joseph Gonzalez, Bradlee Rhodes

THEMA MUTATIONS

Fort du succès underground de son très étonnant Frère de Sang, Frank Hennelotter en reprend plusieurs éléments scénaristiques pour composer ce non moins surprenant Brain Damage, notamment l’idée d’un jeune protagoniste masculin et de ses rapports amour/haine avec un parasite monstrueux qui lui colle à la peau. Cette fois-ci, le cinéaste peut délaisser le format 16 mm au profit du 35 mmm, ce qui lui permet d’obtenir un rendu visuel moins granuleux que sur Frère de Sang. Elmer est une bestiole échappant à toutes les normes zoologiques établies. Gros comme un chaton, il a vaguement la forme d’un étron pustuleux orné de deux petits yeux malicieux et d’une bouche carnivore capable de s’ouvrir démesurément pour révéler une impressionnante rangée de crocs, de crochets et d’aiguilles. 

Ce charmant animal de compagnie, qui aurait traversé les âges en passant entre les mains de plusieurs personnages historiques, a finalement échu chez un couple de vieux excentriques dans un appartement new-yorkais. Très attachés à lui, ces derniers écument les meilleures boucheries du quartier pour lui fournir sa pitance préférée : des cervelles bien dodues. Un jour, en quête de repas plus frais, Elmer s’échappe et s’installe chez leur voisin, le jeune Brian. Tous deux concluent un pacte tacite : Brian aide Elmer à trouver des victimes dont le cerveau est encore palpitant, et Elmer permet à Brian de vivre des trips bien plus enivrants que ceux que procurent les drogues traditionnelles. Car en plantant l’une de ses aiguilles bucales dans la nuque de Brian, Elmer distille directement dans son cerveau un étrange liquide bleuté et lui permet de vivre des moments hallucinatoires d’une incroyable intensité. Peu à peu, Brian a de sérieux remords et décide de cesser cette étrange association. A partir de là, évidemment, les choses se gâtent… 

Un défouloir accumulant les séquences gore excessives

Même s’il tente une satire acerbe de la drogue et de la jeunesse new-yorkaise paumée, Henenlotter semble surtout avoir conçu son film comme un défouloir, accumulant les séquences gore excessives. Notamment une fellation d’un genre très spécial où Elmer entre dans la bouche d’une jeune fille pour lui dévorer le cerveau (une séquence qui fut coupée pour l’exploitation du film sur grand écran et sa première sortie en vidéo, puis réintégrée par la suite), ou une scène onirique au cours de laquelle des litres de sang s’écoulent de l’oreille de Brian. Tour à tour marionnette mécanique ou figurine animée image par image, Elmer est la grande réussite du film, les acteurs humains qui lui donnent la réplique s’avérant, eux, plutôt catastrophiques. Elmer le Remue-Méninges est donc un OVNI, une curiosité mixant gore et burlesque, conforme au reste de l’œuvre de son atypique réalisateur. On pourrait presque évoquer un « Hennelotter Cinematic Universe », dans la mesure où Elmer et Frère de Sang semble se dérouler dans la même réalité, comme le confirme ce clin d’œil savoureux le temps d’une séquence où Brian croise dans le métro Duane Bradley (héros du film précédent) transportant son fameux panier d’osier !

© Gilles Penso

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