BATES MOTEL (1987)

Un étrange téléfilm déclinant maladroitement la franchise Psychose dans l’espoir de donner naissance à une série TV

BATES MOTEL

 

1987 – USA

 

Réalisé par Richard Rothstein

 

Avec Bud Cort, Lori Petty, Moses Gunn, Gregg Henry, Jason Bateman, Robert Picardo, Kurt Paul

 

THEMA TUEURS I SAGA PSYCHOSE

Psychose III n’ayant guère fait d’éclat au box-office, Universal décide de poursuivre la saga consacrée à Norman Bates sur le petit écran. Créateur de la série Le Voyageur, le scénariste et réalisateur Richard Rothstein propose alors au studio de décliner la franchise Psychose sous forme d’une série télévisée. Le studio se laisse convaincre et finance en 1987 un pilote baptisé Bates Motel, dont le concept s’avère assez surprenant. Ignorant superbement Psychose II de Richard Franklin et Psychose III de Anthony Perkins, Bates Motel se déroule immédiatement après les événements survenus dans le film d’Alfred Hitchcock. Nous sommes donc en 1960, l’image est en noir et blanc et Norman Bates est emmené par la police. Anthony Perkins n’étant pas intéressé par ce projet, il décline la proposition d’y participer. C’est donc Kurt Paul, qui le doublait dans les deux séquelles de Psychose, qui lui prête son visage pour une petite poignée d’apparitions furtives.

Interné dans une institution psychiatrique, Norman Bates se lie d’amitié avec Alex West, un petit garçon qui a assassiné son beau-père abusif. Vingt-sept ans plus tard, l’image passe en couleurs et Alex a pris les traits étranges de Bud Cort, héros de Harold et Maude. Dévasté par la mort de Norman Bates, il apprend que ce dernier lui a légué son motel. Or Alex peut enfin sortir de l’institut, avec la bénédiction d’un médecin incarné par Robert Picardo, et se confronter au monde extérieur, avec sous le bras une urne contenant les cendres de son cher Norman. Alex s’installe donc dans le motel, mais le fantôme de la défunte Madame Bates semble hanter les lieux…

Bancal et embarrassant

On ne peut pas dire que ce Bates Motel se distingue par sa subtilité. Les acteurs y surjouent avec exubérance, la musique synthétique de J. Peter Robinson ne fait pas dans la finesse et les tentatives d’humour sont pour le moins embarrassante. C’est notamment le cas de la première rencontre entre Alex et Willie (Lori Petty, future héroïne de Point Break et Tank Girl), une adolescente fugueuse affublée d’un volumineux costume de poulet, rencontre qui s’appuie lourdement sur une musique éléphantesque. A vrai dire, on ne comprend pas bien où s’achemine le scénario besogneux de Richard Rothstein, d’autant qu’aucun des personnages ne suscite la moindre empathie, malgré les tentatives maladroites de Bud Cort dans le registre du « gentil simple d’esprit ». C’est donc avec langueur qu’on assiste à la rénovation du motel par Alex et Willie, à l’arrivée des premiers clients (tous moins crédibles les uns que les autres) et à une sorte de bal rétro avec un groupe de rockers se croyant revenus dans les années 60 (sans doute pour faire écho au succès tout récent de Retour vers le Futur). Bizarrement, Alex et Willie disparaissent momentanément de l’intrigue pour laisser place à une histoire de fantômes n’ayant plus rien à voir avec le postulat de départ. L’idée de Rothstein était visiblement de se servir du motel comme prétexte pour mettre en scène dans chaque épisode divers phénomènes surnaturels touchant des personnages à chaque fois différents. Mais la mayonnaise ne prend pas du tout. Sans parler de ce double rebondissement final qui atteint les sommets du grotesque et achève d’enterrer cette maladroite déclinaison. Le projet de série que devait initier ce téléfilm est donc annulé, et la saga se poursuivra trois ans plus tard avec Psychose IV.

 

© Gilles Penso

Partagez cet article