BOULEVARD DE LA MORT (2007)

Un ancien cascadeur devenu serial killer se sert de son véhicule comme arme pour multiplier les victimes

GRINDHOUSE’S DEATH PROOF

 

2007 – USA

 

Réalisé par Quentin Tarantino

 

Avec Kurt Russell, Rose McGowan, Zoe Bell, Rosario Dawson, Vanessa Ferlito, Jordan Ladd, Michael Bacall, Eli Roth

 

THEMA TUEURS

Lorsque Quentin Tarantino et Robert Rodriguez décidèrent de rendre hommage aux séances en double programme qui bercèrent leur adolescence dans les drive-in américains, le projet fit saliver toute une horde de fans enthousiastes. Baptisé Grindhouse, ce film composite est constitué de deux moyens-métrages, Planète terreur de Rodriguez et Boulevard de la mort de Tarantino, ainsi que d’une série de fausses bandes-annonces signées notamment par Eli Roth (Hostel), Rob Zombie (The Devil’s Rejects) et Edgar Wright (Shaun of the Dead). Le résultat ne convainquit pas tout à fait un public trop jeune pour comprendre l’hommage, et les frères Weinstein, producteurs de cet étrange objet filmique, décidèrent d’exploiter séparément Planète terreur et Boulevard de la mort sur la plupart des territoires autres que les États-Unis, sous forme de deux longs-métrages indépendants rallongés spécialement pour l’occasion.

Le slasher routier de Tarantino fut le premier à connaître les honneurs d’une distribution autonome, et force est de constater que le résultat laisse perplexe. Pourtant, le concept de base était alléchant : Kurt Russel, le visage traversé par une balafre, est Stuntman Mike, un ancien cascadeur devenu serial killer qui tue ses victimes avec sa voiture, un bolide au moteur surgonflé, au capot orné d’une tête de mort et à la carrosserie renforcée de toutes parts. Un véhicule « à l’épreuve de la mort » en quelque sorte, ce qui explique le titre original du film. Sauf qu’au lieu de s’intéresser aux exactions sanglantes de ce tueur hérité de Duel et Hitcher, Tarantino s’attarde outre mesure sur ses futures victimes, autrement dit la DJ délurée Jungle Julia et ses meilleures amies Shanna et Arlene, qui se retrouvent dans un bar d’Austin pour vider quelques bouteilles. Les dialogues fusent, les filles sont jolies (le réalisateur en profite pour s’adonner sans la moindre retenue à son fétichisme des pieds féminins) et la mise en scène empreinte d’une belle patine années 70 (dans la typo du générique, la musique, les départs de bobine et le grain de la pellicule). Mais la situation traîne en longueur, l’action tarde, et l’intérêt du spectateur s’émousse progressivement, jusqu’à un climax ultra-violent et extrêmement spectaculaire qui rattrape les pertes de rythme précédentes.

Une voie sans issue

Sauf que nous ne sommes alors qu’au milieu du métrage, et que Tarantino n’a visiblement plus rien à raconter. Il recommence donc son récit, avec d’autres victimes féminines (une actrice, une maquilleuse et deux cascadeuses) et le même Stuntman Mike à l’affût. Malgré la sympathie qu’on peut éprouver pour ces nouveaux personnages, plus intéressants que les précédents (avec une mention spéciale pour la cascadeuse Zoe Bell dans son propre rôle), le sentiment de déjà vu l’emporte et confine au laxisme d’un metteur en scène ne sachant visiblement pas comment étirer son film pour lui donner la durée voulue. Le moyen-métrage jubilatoire qu’aurait pu être Boulevard de la mort se mue ainsi en interminable long-métrage à peine rattrapé par une hallucinante poursuite automobile finale et un nouveau climax sanglant visiblement inspiré de Faster Pussycat Kill Kill. En l’état, l’exercice semble un peu vain.

 

© Gilles Penso



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