STAR WARS ÉPISODE IX – L’ASCENSION DE SKYWALKER (2019)

Le troisième film de la troisième trilogie Star Wars clôt sur un feu d’artifice visuel et émotionnel la saga créée par George Lucas

STAR WARS EPISODE IX – THE RISE OF SKYWALKER

 

2019 – USA

 

Réalisé par J.J. Abrams

 

Avec Daisy Ridley, Adam Driver, John Boyega, Oscar Isaac, Carrie Fisher, Mark Hamill, Ian McDiarmid, Kelly Marie Tran, Billy Dee Williams, Joonas Suotamo, Anthony Daniels

 

THEMA SPACE OPERA I ROBOTS I SAGA STAR WARS

Le challenge était vertigineux. En un seul long-métrage, J.J. Abrams devait mettre un point final à la saga cinématographique la plus adulée de l’histoire du cinéma, mais aussi faire entrer en cohérence deux visions quasiment opposées de la franchise créée par George Lucas : la sienne propre, déployée dans Le Réveil de la Force et empreinte d’une aliénation quasi-religieuse à la trilogie initiale, et celle de Rian Johnson, exprimée dans Les Derniers Jedi, plus impertinente et souvent déstabilisante pour les fans de la première heure. On imagine à peine la pression qu’a dû subir l’homme qui raviva sur grand écran les séries Mission impossible et Star Trek, rappelé à la rescousse par Lucasfilm après le désistement de Colin Trevorrow (Jurassic World). Comme si l’exercice n’était déjà pas assez compliqué, un autre défi est venu s’ajouter au cahier des charges : offrir à la princesse Leïa l’importance qu’elle mérite. Car les volets de ce troisième diptyque sont aussi conçus comme des hommages respectifs aux trois « stars » de la saga originelle. Si Harrison Ford occupait une place centrale dans le récit du Réveil de la Force et si Mark Hamill jouait un rôle crucial dans Les Derniers Jedi, Carrie Fisher aurait dû logiquement tenir le haut du pavé dans L’Ascension de Skywalker. Mais un problème de taille entrava ce parti pris : le décès tragique de la comédienne en décembre 2016. Refusant de reconstituer digitalement la princesse Leïa à la manière du Peter Cushing de Rogue One, Abrams s’adonne à un délicat exercice de réécriture, détournant des séquences non utilisées des deux films précédents, détourant l’image de l’actrice pour l’incruster dans d’autres arrière-plans, retouchant sa coiffure et sa garde-robe. Ces coups de baguette magique discrets permettent d’offrir à Leïa un rôle à la hauteur de son personnage, fût-il posthume.

D’autres rescapés de la première trilogie viennent nous offrir une ultime apparition dans cet épisode IX, notamment Billy Dee Williams reprenant le rôle du sympathique Lando Carlissian et Ian McDiarmid réendossant la sinistre bure du tout-puissant Empereur. Car le vil Palpatine, que l’on croyait mort à la fin du Retour du Jedi, a survécu à ses blessures et se ligue contre la Résistance en levant une armée de Sith. Ce rebondissement scénaristique digne d’un sérial des années trente a fait grincer bien des dents. Mais ce serait oublier que les intentions premières de George Lucas, à l’époque où il élaborait sa toute première Guerre des étoiles, étaient principalement de rendre hommage aux Buck Rogers et aux Flash Gordon de son enfance qui n’étaient pas avares en coups de théâtre excessifs de cet acabit. D’autant que la résurrection inopinée de l’Empereur n’est finalement qu’un « McGuffin », un prétexte permettant à Rey, qui a poursuivi sa formation auprès de Leïa, et à Kylo Ren, qui va devoir choisir une bonne fois pour toutes de quel côté de la Force il se positionne, de s’affronter et de décider du sort de la galaxie.

Une page se tourne

Fidèle à son sens de l’emphase et de l’esthétisme, J.J. Abrams concocte quelques séquences iconiques qui détournent l’imagerie classique de l’univers Star Wars pour mieux surprendre son public, notamment un duel acrobatique en plein désert (filmé dans la région jordanienne de Wadi Rum qui accueillait la même année l’équipe d’une autre production Disney, en l’occurrence celle d’Aladdin) ou cet affrontement homérique entre Rey et Kylo Ren dans l’épave échouée de l’Étoile Noire. Les comédiens Daisy Ridley et Adam Driver mouillent d’ailleurs la chemise, se soumettant à un entraînement physique intense et effectuant eux-mêmes une partie des cascades nécessitées par ces combats. Bien entendu, il était impossible de clore la saga sans la musique de John Williams. A 88 ans, le vénérable compositeur s’acquitte de la tâche avec un enthousiasme euphorisant. Véritable condensé de tous les moments forts de la saga, la bande originale de cet épisode renoue avec les influences de Holst, Stravinsky et Bernard Herrmann. On y retrouve les motifs pittoresques de La Guerre des étoiles, la martialité de L’Empire contre-attaque, le grain de folie du Retour du Jedi, les accents tragiques de La Revanche des Siths, et une réorganisation des nouveaux thèmes créés pour Le Réveil de la Force et Les Derniers Jedi. Comment espérer meilleur bouquet final ? Ce film-somme, mi audacieux-mi respectueux, s’apprécie donc comme l’ultime escale d’un voyage commencé 42 ans plus tôt. Et tandis que résonnent pendant le climax les voix de tous les Jedi de la saga, il nous semble entendre aussi le souffle de George Lucas, Irwin Kershner, Richard Marquand et Rian Johnson. Une page se tourne, une ère s’achève. Elle commença il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine, très lointaine…

 

© Gilles Penso

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