Ignorant les trois épisodes précédents, ce sixième opus de la saga créée par James Cameron prend la suite de Terminator 2
TERMINATOR : DARK FATE
2019 – USA
Réalisé par Tim Miller
Avec Linda Hamilton, Arnold Schwarzenegger, Mackenzie Davis, Natalia Reyes, Gabriel Luna, Diego Boneta, Stephanie Gil, Enrique Arce, Brett Azar
THEMA ROBOTS I FUTUR I SAGA TERMINATOR
A l’instar de la franchise Halloween, la saga Terminator ne sait plus sur quel pied danser pour raviver sa flamme vacillante, alors que s’égrènent à bon rythme les séquelles, préquelles et reboots de l’œuvre de James Cameron. Se perdant en conjectures, les producteurs n’en finissent pas d’hésiter entre tenir compte des épisodes précédents ou les balayer d’un revers de main. Dans le cas d’Halloween, la version 2019 optait pour la seconde solution en convoquant la vénérable Jamie Lee Curtis, ex-babysitter ingénue désormais en âge d’être grand-mère. Terminator : Dark Fate procède d’une manière similaire en demandant à Linda Hamilton, alors sexagénaire, de reprendre du service aux côtés d’un Arnold Schwarzenegger vieillissant. Ce sixième opus ignore donc tous les films de la saga ayant succédé à Terminator 2 et se drape d’un semblant de respectabilité à travers la présence au générique de James Cameron, à la fois producteur et co-auteur de l’histoire. Mais le scénario se réécrit sans cesse pendant le tournage, et l’on sent bien l’embarras de tous les coscénaristes (David S. Goyer, Billy Ray, Justin Rhodes) face à un matériau qu’ils ont visiblement du mal à maîtriser. Redites, incohérences, raccourcis, le script de Terminator Dark Fate prend l’eau de toutes parts, comme si le principe du voyage dans le temps autorisait tous les illogismes.
Tout commence en 1998. Trois ans après avoir écarté la menace de Skynet, Sarah et John Connor se la coulent douce sur une plage du Guatemala. Mais le repos est de courte durée. Un T-800 envoyé par Skynet avant son effacement surgit en effet arme au poing, assassine John et disparaît. A l’occasion de cet étonnant prologue, Linda Hamilton, Edward Furlong et Arnold Schwarzenegger sont rajeunis numériquement, via un trucage plutôt bluffant. L’action se transporte ensuite en 2020, et l’effet de déjà-vu commence rapidement à irradier le film. Car un Terminator et un humain débarquent bientôt du futur en quête d’une jeune femme du présent, l’un pour la détruire, l’autre pour la sauver. Incarné par Gabriel Luna (Ghost Rider dans Les Agents du SHIELD), le cyborg assassin est un modèle Rev-9 qui combine les caractéristiques du T-800 et du T-1000. Il est donc constitué d’une sorte de métal liquide et capable de changer de morphologie (avec une prédilection pour les bras mués en lames acérées) mais aussi de se dédoubler, son avatar étant un robot-squelette métallique quasi-indestructible. Quant à l’être humain envoyé pour le contrecarrer, il s’agit de Grace (Mackenzie Davis, vue dans Blade Runner 2049), une soldate blessée au combat et « augmentée » à l’aide d’un certain nombre d’implants cybernétique qui accroissent sa force et son endurance. L’étau se resserre autour de Dani Ramos (Natalia Reyes), une jeune Mexicaine qui semble être la clé des guerres futures. Autant dire que les péripéties nous semblent bien familières, Terminator Dark Fate tombant vite dans les mêmes travers que Terminator Genisys.
Le robot tueur devenu bon citoyen américain
Très attaché aux séquences d’action, Tim Miller (Deadpool) soigne la grande poursuite automobile qui se déchaîne pendant la première partie du film. Mais si son caractère spectaculaire est indiscutable, elle peine à rivaliser avec celles des trois premiers Terminator qui avaient placé la barre très haut en ce domaine. D’autant que dès qu’il s’agit de visualiser les combats de ses personnages aux pouvoir surhumains, le réalisateur recours à des doublures numériques bien peu réalistes, les lois de la gravité étant bafouées sans la moindre retenue. La première apparition de Linda Hamilton en cours de métrage est involontairement comique. Grisonnante, affublée d’un look qui semble calqué sur celui de Schwarzy dans Commando, elle tire sur tout ce qui bouge puis lâche un incontournable « I’ll be back ». Le grand Arnold, lui, n’intervient qu’au bout d’une heure pour tenter de relancer une intrigue qui patine laborieusement. Devenu un bon père de famille avec femme, enfant, chien et maison dans les bois, l’ancien robot tueur mué en citoyen américain modèle récite de longues pages de dialogues pour tenter d’expliquer aux héroïnes et aux spectateurs une situation tellement absurde qu’aucun scénariste ne saurait la rendre crédible. Le tout s’achemine vers un climax mouvementé qui pioche allègrement dans ceux de Terminator et Terminator 2. Ce Dark Fate mérite finalement très bien son titre, son échec cuisant au box-office confirmant le « destin sombre » auquel il semblait être voué.
© Gilles Penso
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