Voyage au centre de la terre se pare de magnifiques peintures sur verre et de décors surréalistes, comme cet océan intérieur dont la plage est peuplée de dinosaures quadrupèdes au dos écaillé à mi-chemin entre les dimétrodons et les édaphosaures. Ceux-ci sont en réalité des iguanes, affublés d’une crête dorsale en caoutchouc, qui se déplacent hélas trop vite pour paraître vraiment gigantesques, malgré l’effet de ralenti utilisé. Intégrés aux comédiens dans des plans larges superbes, les reptiles se jettent sur l’un de leurs congénères, blessé par deux harpons, ce qui laisse imaginer les sévices qu’a dû subir l’animal au cours du tournage. On peut craindre la même chose du varan qui plus tard, dans le décor des ruines de l’Atlantide, est enseveli sous des flots de lave. Ce bémol de taille nous gâche un peu le plaisir, d’autant que des dinosaures en stop-motion se seraient avérés beaucoup plus convaincants et spectaculaires. La technique fera pourtant école, notamment dans la version 1960 du Monde perdu qui sera initiée par le producteur Irwin Allen en grande partie suite au succès international du Voyage au centre de la terre d’Henry Levin, considéré aujourd’hui encore comme la meilleure adaptation filmée du classique de Verne.
© Gilles Penso