HAPPY BIRTHDAY (1980)

À l’approche de son anniversaire, une jeune étudiante voit tous ses camarades mourir un à un dans d’horribles circonstances…

HAPPY BIRTHDAY TO ME

 

1980 – CANADA

 

Réalisé par Jack Lee Thompson

 

Avec Melissa Sue Anderson, Glenn Ford, Lawrence Dane, Sharon Acker, Frances Hyland, Tracey E. Bregman, Jack Blum, Matt Craven, Lenore Zann

 

THEMA TUEURS

Ce sont les duettistes John Dunning et André Link, responsables de Meurtres à la Saint-Valentin, qui sont à l’origine de Happy Birthday, produit par la compagnie canadienne Cinepix (à qui nous devons les premiers films d’horreur de David Cronenberg). Nous sommes donc entre gens spécialistes du genre. Ce qui surprend plus, c’est le nom du metteur en scène. Car Jack Lee Thompson n’est à priori pas le genre de metteur en scène à se lancer dans un slasher post-Vendredi 13. Signataire de plusieurs chefs d’œuvre du thriller et du film de guerre (Les Nerfs à vif, Les Canons de Navarone), solide artisan s’étant parfois essayé à la science-fiction de qualité (La Conquête de la planète des singes) ou au western ample mâtiné de film-catastrophe (Le Bison blanc), le vénérable Jack (ou John selon les génériques) a progressivement revu ses ambitions artistiques à la baisse à l’aube des années 80. A l’instar d’un Richard Fleischer boulimique préférant réaliser Amityville 3D plutôt que se mettre à la retraite, J.L. Thompson met ses décennies d’expérience au service d’un petit film d’horreur qui lui permet de rester dans le coup et dans l’air du temps, avant que sa fin de carrière ne soit placée à partir de 1983 sous la houlette de Menahem Golan et Yoram Globus. Autre nom surprenant au générique de Happy Birthday : Melissa Sue Anderson. Sans doute la douce Mary Ingalls de La Petite maison dans la prairie, héroïne récurrente de l’une des séries familiales les plus populaires – et les plus sirupeuses – de tous les temps, eut-elle envie de s’encanailler un peu en marchant sur les plates-bandes de la Jamie Lee Curtis de La Nuit des masques. Au détour du casting, on s’étonnera aussi de trouver le vétéran Glenn Ford (Gilda, 3h10 pour Yuma, Paris brûle-t-il ?, Superman), en dehors de son élément habituel dans le rôle d’un psychiatre s’interrogeant sur les meurtres en série qui ensanglantent son entourage.

Tourné principalement à Montréal, Happy Birthday s’intéresse à Virginia Wainwright, une étudiante de la Crawford Academy dont le cercle d’amis est constitué des universitaires les plus populaires, les plus riches et les plus élitistes de la ville. Adeptes de sport extrême et de blagues stupides, les membres de ce petit groupe sont bientôt décimés un à un par un mystérieux tueur, alors qu’approche la date d’anniversaire de Virginia. Celle-ci, dont le prénom semble vouloir l’absoudre de tout péché et la nimber de pureté, trimballe un traumatisme qui s’est logé quelque part dans son inconscient et ne demande qu’à ressurgir. En proie à d’inquiétantes hallucinations, elle devient à son tour la cible du meurtrier… Ce scénario écrit à quatre mains sert de prétexte à une succession de meurtres qui, à défaut d’être crédibles, s’avèrent excessifs et imaginatifs, chaque arme du crime étant plus improbable que la précédente (de la roue de moto à la paire d’altères en passant par la fameuse brochette qui apparaît sur tous les posters du film). Et si Happy Birthday semble vouloir gentiment surfer sur le succès d’Halloween et Vendredi 13, le lancement du projet précéda ces deux immenses succès, ce que laisse comprendre le gimmick des gants en cuir du tueur dont l’imagerie convoque plus volontiers le giallo italien que le slasher américain.

L’ultime souper

Formellement, Happy Birthday est très soigné. Miklos Lente (Les Espions dans la ville) signe une belle photographie principalement nocturne, Lance Rubin (Motel Hell, la série Dallas) compose un thème principal envoûtant qui sera repris sous forme de chanson pendant le générique de fin et Jack Lee Thompson semble se prêter au jeu avec bonne humeur, même si sa mise en scène assure le service minimum. S’amusant comme un petit fou sur le plateau, le sexagénaire balance volontiers des seaux pleins de faux sang pendant le tournage des meurtres. Du coup, même un coup de tisonnier sur le crâne d’une victime provoque des avalanches d’hémoglobine à l’écran. Abondant dans ce sens, le maquilleur spécial Tiom Burman concocte une cohorte de cadavres spectaculaires pour une scène de banquet final horriblement baroque. Mais le film ne tient guère la route à cause de protagonistes très peu attachants (des gosses de riches idiots au comportement souvent incohérent) et d’un scénario sans finesse. Malgré tous les efforts déployés pour brouiller les pistes, l’identité de l’assassin est facile à deviner, au point qu’elle nous est révélée à mi-parcours du métrage, le « whodunit » se muant dès lors en thriller horrifico-psychologique jusqu’à un climax intense qui boucle la boucle et justifie le titre du film. Mais les producteurs, visiblement conscients du manque de surprise de ce dénouement, décident à la dernière minute d’intégrer un double coup de théâtre invraisemblable en fin de film. Cette chute est certes inattendue, mais elle bascule d’un revers de main tout ce que le scénario essayait de construire et n’a pas une once de crédibilité, laissant le film s’achever de bien étrange manière.

 

© Gilles Penso

 

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