COWGIRLS VS. PTERODACTYLS (2021)

En plein Far West, une jeune institutrice monte un commando féminin pour chasser les ptérodactyles qui infestent une ville du Texas…

COWGIRLS VS. PTERODACTYLS

 

ANNEE – USA

 

Réalisé par Joshua Kennedy

 

Avec Madelyn Wiley, Haley Zega, Carmen Vienhage, Dani Thompson, Jonathan Tamez, Stephanie Marie Baggett

 

THEMA DINOSAURES

La filmographie du jeune cinéaste texan Joshua Kennedy est constellée de titres joyeusement évocateurs : Slave Girls on the Moon, Dracula A.D. 2015, The Night of Medusa, The Alpha Omega Man, House of the Gorgon… Hommages à la Hammer, aux films de science-fiction des années 50, au cinéma catastrophe des seventies ou aux « creature features » de Ray Harryhausen, tous ces longs-métrages sont bricolés avec les moyens du bord, quasiment sans budget, et il faut bien avouer que cet amateurisme saute aux yeux. Ce qui n’enlève rien aux belles intentions de ce réalisateur opiniâtre qu’aucun obstacle ne semble pouvoir arrêter. En 2017, il met en scène Theseus and the Minotaur, une aventure mythologique balourde clignant visiblement de l’œil vers Jason et les Argonautes et Le Choc des Titans. On y trouve des acteurs en toge qui surjouent outrancièrement, des décors réduits à leur plus simple expression et un minotaure animé en stop-motion par un certain Ryan Lengyel. Ce dernier – qui pratique l’art de Ray Harryhausen en amateur pendant son temps libre – est aussi un grand amoureux du genre, comme en témoignent son court-métrage The Beast from Twenty Zillion Years Ago et sa séquelle Night of the Beast. Les deux hommes étaient faits pour s’entendre. Joshua Kennedy et Ryan Lengyel se retrouvent donc à l’occasion de Cowgirls vs. Pterodactyls, un western comique dans lequel le ciel est sillonné de reptiles volants préhistoriques animés image par image… Une sorte de réponse low-cost à La Vallée de Gwangi, en quelque sorte.

Joshua Kennedy ayant sympathisé avec la comédienne Martine Beswick pendant le tournage de House of the Gorgon, cette dernière accepte de prêter sa voix off au film. Ce n’est pas rien : non contente d’avoir été l’une des icônes les plus mémorables du cinéma de genre des sixties, la belle Martine affrontait elle-même des ptérodactyles en stop-motion dans Un million d’années avant JC. Pendant le prologue, elle nous apprend qu’un épisode de l’histoire d’Ouest des États-Unis a été totalement oublié dans les livres. En effet, en 1864, la petite ville texane de Kerksey fut victime d’une invasion de redoutables ptérodactyles. Après que son mari ait été enlevé par un de ces reptiles volants, l’institutrice Rebecca Crawford (Madelyn Wiley) sollicite la chasseuse de primes Bunny Parker (Carmen Vienhage) pour l’aider à chasser les monstres. Elles sont bientôt rejointes par Debbie Dukes (Haley Zega), la tenancière d’une maison close qui espère pouvoir empailler un des spécimens pour sa décoration intérieure. A la question « qu’est-ce qu’un ptérodactyle ? » posée par Debbie, Rebecca répond aussitôt : « moitié oiseau, moitié serpent, entièrement démon ». D’autres filles les rejoignent à mi-parcours, notamment la hors-la-loi Doris Yates (Dani Thompson). La guerre des cowgirls contre les ptérosaures peut commencer…

Old school

Même si un bond qualitatif est clairement perceptible par rapport au médiocre Theseus and the Minotaur, Cowgirls vs. Pterodactyls reste très disgracieux dans sa facture, malgré sa tonalité semi-parodique qui autorise une certaine indulgence. Les décors sont tellement minuscules que les cadrages (en faux Cinemascope) restent souvent très serrés, plusieurs séquences se déroulent tout simplement sur fond noir pour simuler des sites extérieurs nocturnes, les éclairages déficients et le grain de l’image donnent presque l’impression de visionner un film amateur tourné en super 8 et repiqué sur une VHS… Bref le cruel manque de moyens transparaît derrière chaque plan, y compris lorsque Joshua Kennedy met en scène trois chevaux mais n’en filme jamais plus de deux à la fois. L’amateur se rabattra donc sur les créatures, qui ne sont pas à proprement parler des ptérodactyles mais des ptéranodons, ces reptiles préhistoriques de huit mètres d’envergure qui sillonnaient les cieux du Crétacé. Bien sûr, les figurines ne sont pas sculptées avec une grande finesse et s’incrustent souvent grossièrement dans les prises de vues réelles, mais voir un film de 2021 s’efforcer de perpétuer l’art de Willis O’Brien, Ray Harryhausen et Jim Danforth a quelque chose de très rafraîchissant. Fidèle aux méthodes de leurs mentors, le réalisateur et son animateur utilisent même des figurines en stop-motion pour remplacer les humains dans certains plans larges et une marionnette mécanique pour les gros plans des bêtes. Anecdotique ? Certainement. Maladroit ? Assurément. Mais la détermination et la passion de cette équipe de cinéastes/mercenaires reste touchante, envers et malgré tout.

 

© Gilles Penso



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