LE BEAU-PÈRE (1987)

Stéphanie ne porte pas dans son cœur le nouvel époux de sa mère. Et pour cause : c’est un tueur psychopathe obsédé par l’idée d’un foyer idéal…

THE STEPFATHER

 

1987 – USA

 

Réalisé par Joseph Ruben

 

Avec Terry O’Quinn, Jill Schoelen, Shelley Hack, Charles Lanyer, Stephen Shellen, Stephen E. Miller, Robyn Stevan, Jeff Schultz

 

THEMA TUEURS

Repéré par les fantasticophiles grâce à son surprenant Dreamscape, Joseph Ruben réalise avec Le Beau-père un slasher atypique qui s’appuie sur un scénario du célèbre romancier Donald Westlake et échappe habilement aux influences de Psychose et Halloween. La scène d’ouverture, étonnante, dure cinq bonnes minutes et se passe de tout dialogue. Un homme se douche, se rase, s’habille, descend tranquillement les escaliers d’un coquet pavillon, passe devant une famille massacrée qui baigne dans une épouvantable marre de sang, puis s’en va tout guilleret à grandes enjambées. Un an plus tard, nous le retrouvons sous l’identité de l’agent immobilier Jerry Blake, marié à une charmante veuve et désormais beau-père de Stéphanie, une adolescente qui ne le porte guère dans son cœur. Il faut dire que cet époux modèle, bien peigné, en costume impeccable et au sourire digne d’une publicité pour les dentifrices, semble trop propre sur lui pour être honnête. L’intuition de Stéphanie est donc bonne, même si elle ignore encore qu’il s’agit d’un dangereux tueur psychopathe obsédé par l’idée d’un foyer idéal.

Plus puritain encore qu’un Michael Myers ou qu’un Jason Voorhes (dont le couteau se plante de préférence dans la chair des jeunes qui se droguent, boivent de l’alcool ou copulent), Jerry Blake réduit en charpie toutes les familles qu’il intègre et qui ne sont pas assez harmonieuses à son goût. Lorsqu’un journaliste relance l’affaire du massacre précédent, à la demande du frère d’une des victimes, Stéphanie commence sérieusement à soupçonner son beau-père. L’intrigue flirte alors avec L’Ombre d’un doute d’Alfred Hitchcock, et ce n’est pas le moindre de ses attraits. Liaison fatale nous vient également à l’esprit, notamment au moment des rebondissements du climax. Mais à la différence du thriller d’Adrian Lyne, la moralisation n’est pas vraiment ici à l’ordre du jour, et la sacro-sainte famille américaine idéale en prend même un sacré coup. Le Beau-père pourrait presque même s’interpréter comme un plaidoyer contre l’hypocrisie des valeurs familiales traditionnelles.

La famille parfaite

Sans déborder d’inventivité, la mise en scène de Ruben sert correctement le sujet, et même la médiocre musique synthétique du Suisse Patrick Moraz (qui fut un temps membre du groupe Yes) ne parvient guère à entacher l’efficacité des séquences de suspense. Il faut dire que le film repose principalement sur les épaules de Terry O’Quinn, excellent dans le rôle de ce psycho-killer d’un genre très spécial. La scène de la conversation téléphonique où il ne sait plus laquelle de ses identités fictives endosser, face à son épouse stupéfaite, est à ce titre mémorable. On peut légitimement s’étonner que Le Beau-père n’ait pas ouvert à O’Quinn une carrière cinématographique digne de ce nom, au-delà de sa présence dans une inévitable séquelle réalisée en 1989 par Jeff Burr et de son imposante incarnation d’Howard Hughes dans Rocketeer. C’est finalement le petit écran qui offrira à ce comédien d’exception ses rôles les plus marquants, à travers les personnages récurrents de Millenium, Alias, À la Maison Blanche et surtout Lost.

 

© Gilles Penso

 

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