Certes, Urban Legend, précédente incursion de Jamie Blanks dans le domaine du slasher, n’était déjà pas un chef d’œuvre du genre, mais le réalisateur parvenait par moments à transcender la banalité du scénario par une mise en scène alerte et inventive. Rien de tel ici, et l’on ne peut que regretter le désistement – fort compréhensible cependant – de Richard Kelly qui fut sollicité un temps pour diriger le film (la même année, il signait le perturbant Donnie Darko). Fidèle au schéma établi dans Scream, l’intrigue de Mortelle Saint-Valentin se contente de nous laisser imaginer qui est l’assassin (Jeremy Melton devenu adulte ? Quelqu’un qui souhaite se venger à sa place ?) en éliminant un à un tous les suspects potentiels, sans que l’intérêt du spectateur soit attisé pour autant. Comme le titre français l’indique, le film est donc mortel ! C’est d’autant plus dommage que l’idée d’un tueur s’affublant des oripeaux de Cupidon (le masque de chérubin, l’arc et les flèches) n’était pas mauvaise en soi. Sur un thème voisin, on préfèrera largement le Meurtres à la Saint-Valentin de George Mihalka, qui exploitait bien mieux la « fête des amoureux » et les fameux cadeaux en forme de cœur tout en mettant en scène un tueur original dans un contexte minier bien plus intéressant que ces maisons de banlieues opulentes où errent d’insipides gosses de riche au brushing parfait.
© Gilles Penso