L’ODYSSÉE DU HINDENBURG (1975)

Avec la virtuosité qui le caractérise, Robert Wise raconte le voyage sans retour du plus célèbre ballon dirigeable du monde

THE HINDENBURG

 

1975 – USA

 

Réalisé par Robert Wise

 

Avec George C. Scott, Anne Bancroft, William Atherton, Roy Thinnes, Gig Young, Burgess Meredith, Charles Durning

 

THEMA CATASTROPHES

Quatre ans après Le Mystère Andromède, Robert Wise se lance dans un film catastrophe inspiré du drame qui survint lorsque s’embrasa en 1937 un ballon dirigeable allemand au-dessus des Etats-Unis. L’Odyssée du Hindenburg commence sous la forme d’un journal d’actualités relatant l’histoire des ballons dirigeables, des frères Montgolfier jusqu’à Zeppelin, pour aboutir à la description du titanesque Hindenburg, long comme trois terrains de football, lourd de deux-cent quarante-deux tonnes et équipé de quinze étages. D’emblée, nous comprenons que nous avons affaire à un Titanic des airs, et son destin semble déjà scellé. Puis l’image du film passe au format Cinémascope, exhibant le dirigeable sur toute son arrogante longueur, tandis que le noir et blanc cède progressivement la place à la couleur, une astuce de mise en scène dont se souviendra George Miller pour le légendaire prologue de Mad Max 2. Fierté du gouvernement allemand, outil de propagande très efficace, le Hindenburg doit décoller au printemps de l’année 1937, mais les rumeurs d’une menace d’attentat commencent à circuler. On demande donc au colonel Ritter (George C. Scott) de s’embarquer à bord pour veiller à la sécurité du vol et des passagers.

Fidèle à la tradition du film catastrophe, le casting se pare de nombreuses têtes d’affiches qui s’embarquent pour un voyage que nous savons sans retour. Grâce au savoir-faire du superviseur des effets spéciaux Albert Whitlock (Les Oiseaux, Tremblement de terre), aux magnifiques peintures sur verre de Bill Taylor, aux très belles maquettes du ballon dirigeable et aux remarquables effets photographiques signés Clifford Stinne (L’Homme qui rétrécit), le Hindenburg fend les airs avec une grâce et un réalisme qui, aujourd’hui encore, laissent bouche bée. Les visions magnifiques du zeppelin survolant les icebergs ou voguant face au soleil couchant ont durablement marqué les esprits, accompagnées d’une bande originale ample et emphatique signée David Shire.

Le Titanic des cieux

Plus le film approche de son climax, plus le suspense s’accroît, depuis la séquence des deux réparateurs s’efforçant de raccommoder en plein vol la toile qui se déchire jusqu’au compte à rebours précédant la déflagration fatale. Pour visualiser l’incendie final du zeppelin, Robert Wise opte pour un choix surprenant qui consiste à passer son image en noir et blanc afin de pouvoir alterner au montage de véritables images d’actualité et des effets pyrotechniques miniature très impressionnants. Le drame réel et la fiction entrent ainsi en collision au cours de cette scène clef résumant à elle seul tout le parcours, le savoir-faire et l’idéologie du cinéaste. En une poignée de plans, Wise affirme en effet son sens inné du montage (ce fut son premier métier), sa volonté de traiter les faits extraordinaires sous l’angle le plus réaliste possible (en accord avec la dimension fantastique que prennent généralement les films catastrophes) et son antimilitarisme viscéral (déjà perceptible dans Le Jour où la terre s’arrêta). Car l’explosion du Hindenburg s’appréhende ici comme la métaphore des conséquences désastreuses d’une course à l’armement, le zeppelin nous étant présenté à la fois comme une bombe à retardement et une arme médiatique développée pour renforcer l’image du parti nazi.

 

© Gilles Penso

 

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