MAD MISSION 3 (1984)

Ce troisième épisode réalisé par Tsui Hark redouble d’inventivité et multiplie les références à la saga James Bond

ZUIJIA PAIDANG ZHI NÜHANG MILING / MAD MISSION 3: OUR MAN FROM BOND STREET

 

1984 – HONG-KONG

 

Réalisé par Tsui Hark

 

Avec Sam Hui, Karl Maka, Sylvia Chang, Peter Graves, Richard Kiel, Harold Sakata, Jean Mersant, John Sham, Huguette Funfrock

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA MAD MISSION

La franchise Mad Mission ayant prouvé sa rentabilité, un troisième opus est logiquement mis en chantier par les producteurs Jim Lau et Karl Maka. Cette fois-ci, le réalisateur Eric Tsang cède sa place à Tsui Hark. S’il n’est pas encore le célèbre producteur du Syndicat du crime ou d’Histoire de fantômes chinois, Hark s’est déjà fait un nom à Hong-Kong en dirigeant The Butterfly Murders, Histoire de cannibales, L’Enfer des armes et surtout Zu, les guerriers de la montagne magique, un film de sabre et d’arts martiaux qui révolutionne le genre et assoit son style. Avoir de pouvoir tourner des œuvres plus personnelles, il joue le jeu du cinéma commercial et accepte donc de prendre la barre de ce Mad Mission 3 qui va dépasser en outrances et en références ses prédécesseurs. Le générique de début assure le lien en égrenant pendant deux minutes un best-of des cascades automobiles des deux premiers films. Puis l’action se met en place dans un Paris de carte postale. En vacances dans notre belle capitale pleine de majorettes et de policiers à képi, Sam (Sam Hui toujours) n’a guère le temps de se reposer. En quelques minutes, il se bat contre une jolie espionne sur les quais, est attaqué par un sosie du Oddjob de Goldfinger (Tsuneharu Sugiyama) qui lui lance son fameux chapeau tranchant, puis affronte sur la tour Eiffel le colossal Richard Kiel (échappé de L’Espion qui m’aimait et Moonraker) qu’il fait gonfler avec une bouteille d’oxygène comme Kananga dans Vivre et laisser mourir. Voilà un démarrage en fanfare, fidèle à la promesse référentielle du sous-titre de ce troisième opus : Our Man From Bond Street.

Mais les clins d’œil ne s’arrêtent pas là. En se jetant dans la Seine, Sam est avalé par un sous-marin en forme de requin (musique des Dents de la mer à l’appui). Là, il est accueilli par l’agent James Bond lui-même (Jean Mersant). Ce dernier lui demande de l’aider à restituer à la Reine d’Angleterre (Huguette Funfrock) les pierres précieuses de sa couronne qui ont été dérobées à Hong Kong. Puis c’est carrément le Peter Graves de Mission Impossible, en pleine période d’autodérision post-Airplane, qui fait son apparition dans le rôle d’un l’agent nommé Tom Collins. Il y a bien sûr une enveloppe qui l’attend à Hong Kong avec un message qui ne tarde pas à s’autodétruire avec perte et fracas. Collins découvre que le soi-disant James Bond est en réalité à la tête d’une organisation internationale d’escrocs professionnels. Sam a alors pour mission de récupérer les pierres tout en mettant hors d’état de nuire l’organisation…

Loufoquement vôtre

La saga James Bond, référence majeure de la franchise Mad Mission et notamment de cet épisode, vit alors ses heures les plus exubérantes en fin de période Roger Moore. La science-fiction s’invite donc un peu partout dans ce troisième épisode. D’où cette scène de « casse » high-tech où Sam déjoue des rayons lumineux à l’aide d’un dispositif dont même le Tom Cruise de Mission Impossible serait jaloux. Les gadgets délirants sont d’ailleurs légion dans le film, des baskets motorisées au bathyscaphe/aéroglisseur en passant par le skateboard à réaction. Plus rythmé et mieux équilibré que ses deux prédécesseurs, Mad Mission 3 accumule les scènes surréalistes à un rythme effréné : la pyramide humaine de gangsters déguisés en pères Noël qui s’enfuient en jet-pack, Sam et Kody accrochés à une aile volante qui fonce dans les tunnels du métro, des hélicoptères qui arrachent un yacht des flots, un commando futuriste qui s’envole depuis le pont d’un sous-marin… L’inévitable référence à Mad Max est toujours de mise, avec cette fois-ci une horde de barbares motorisés au look post-apocalyptique qui prennent d’assaut la voiture pilotée par Sam et la jeune fille dont il s’est épris. Certes, certains trucages optiques sont d’une grande maladresse, quelques fils sont visibles, la technique n’est pas toujours parfaite… Mais quel spectacle, quelle générosité ! La machine étant si bien lancée, trois autres épisodes suivront.

 

© Gilles Penso

 

Complétez votre collection

Partagez cet article