RICHARD AU PAYS DES LIVRES MAGIQUES (1994)

Macaulay Culkin se transforme en personnage de dessin animé et pénètre dans un monde fantastique peuplé de créatures étranges…

THE PAGEMASTER

 

1994 – USA

 

Réalisé par Joe Johnston et Maurice Hunt

 

Avec Macaulay Culkin, Christopher Lloyd, Whoopi Goldberg, Patrick Stewart, Leonard Nimoy, Jim Cummings, Frank Welker, Ed Begley Jr., Mel Harris

 

THEMA CONTES I DRAGONS

Comment se fait-il que ce long-métrage ambitieux mêlant prises de vues réelles et dessin animé, co-réalisé par Joe Johnston (Chérie jai rétréci les gosses, Rocketeer, Jumanji) et mettant en vedette un casting de stars ultra-populaires (Macaulay Culkin, Christopher Lloyd, Whoopi Goldberg, Patrick Stewart, Leonard Nimoy, excusez du peu !) soit aujourd’hui complètement sorti des mémoires ? Pourquoi la plupart de ceux qui y ont participé l’ont-ils depuis effacé de leur filmographie ? Tout partait pourtant bien : un pitch alléchant proposé par le scénariste Charles Pogue (La Mouche, Mort à l’arrivée, Cœur de dragon), une coproduction assurée par Turner Pictures et Hanna-Barbera, une équipe artistique constituée de plusieurs transfuges de Fievel et le nouveau monde (dont le producteur David Kirchner et le compositeur James Horner), un mixage audacieux entre l’animation traditionnelle et les images de synthèse… Mais en cours de réalisation, le film semble échapper à tout contrôle. Le budget explose, les délais de fabrication se rallongent, le scénario est réécrit, la production change plusieurs fois de ligne directrice, le montage est revu sans le consentement de Johnston… bref rien ne va plus.

Finalisé par David Casci, David Kirschner et Erbier Contreras, le scénario du film s’intéresse à Richard Tyler (Macaulay Culkin), un garçon de dix ans qui a peur de tout et que ses parents envoient acheter des clous pour construire une cabane dans un arbre. Surpris par une violente tempête, il trouve refuge dans une bibliothèque municipale où Monsieur Dewey (Christopher Lloyd), un gardien excentrique, lui conseille vivement la lecture d’un livre très particulier. Malgré ses protestations, Richard se voit remettre une carte de bibliothèque et découvre à l’intérieur du bâtiment une grande rotonde sur laquelle est peinte une fresque représentant de nombreux personnages littéraires mythiques. Bientôt, ces peintures se mettent à couler et à le transporter dans un univers dessiné où trois livres anthropomorphes se joignent à lui : Aventure, Fantaisie et Épouvante…

Une page se tourne

Le thème sur lequel repose ce film, c’est-à-dire les joies de la lecture pour les enfants, est certes fascinant, mais le résultat peine à convaincre malgré de très belles idées visuelles, comme la transition entre le monde réel et le monde animé : des gouttes de peinture qui s’écoulent, forment un flot multicolore qui engloutit le jeune héros et le fait basculer dans la fantasmagorie pure. La partie centrale du film, en animation, n’a pas la finesse des longs-métrages Disney ou des productions Don Bluth dont elle s’inspire. Le rendu du relief, des ombres et des volumes se révèle souvent défaillant, malgré des jeux intéressants sur les zones de lumière. Cela dit, le gros défaut de Richard au pays des livres magiques reste sa structure évasive et la progression erratique de son intrigue, qui se résume bêtement à la recherche de la sortie de la bibliothèque. Comme enjeu dramatique, on a vu mieux. Malgré la richesse visuelle des royaumes de l’aventure, de l’épouvante et de la fantaisie et les nombreuses références aux classiques des genres convoqués (docteur Jekyll et mister Hyde, le capitaine Achab, Long John Silver, la Reine de Cœur ou encore un fort beau dragon), ce Pagemaster peine donc à passionner ses spectateurs.

 

© Gilles Penso


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