L’HISTOIRE SANS FIN 3 : RETOUR À FANTASIA (1994)

Pouvait-on faire pire que L’Histoire sans fin 2 ? Ce n’était pas simple, mais cette séquelle y parvient sans peine, hélas !

THE NEVERENDING STORY 3

 

1994 – ALLEMAGNE / USA

 

Réalisé par Peter MacDonald

 

Avec Jason James Richter, Melody Kay, Jack Black, Carole Finn, Ryan Bollman, Freddie Jones, Julie Cox, Moya Brady

 

THEMA CONTES I DRAGONS I SAGA L’HISTOIRE SANS FIN

Pour ce troisième opus, dont on n’attendait sincèrement pas grand-chose, George Miller cède le pas à Peter MacDonald, un choix qui peut surprendre dans la mesure où ce dernier, réalisateur de Rambo 3, est à priori plus à l’aise avec les gros bras musclés qu’avec les têtes blondes et les monstres gentils. Mais le plus étrange, c’est probablement que le scénario ait été confié à Jeff Lieberman, dont les titres de gloire sont Le Rayon bleu, La Nuit des vers géants et Survivance ! Ces « contre-emplois » étonnants, au lieu de rehausser le niveau d’une saga en perte de vitesse, l’enfoncent définitivement six pieds sous terre. Bastien, qui a désormais les traits de Jason James Richter (le héros de Sauvez Willy), est maintenant collégien, ce qui ne l’empêche pas d’être toujours le bouc émissaire de ses petits camarades. Cette fois-ci, c’est la bande des « Nasties » qui lui mène la vie dure. Leur chef, qui répond au doux nom de Slip (!), est interprété par un tout jeune Jack Black (qui tiendra dix ans plus tard le premier rôle du King Kong de Peter Jackson). Pour échapper à ces vauriens – ô surprise – Bastien se réfugie dans la bibliothèque de l’école et retrouve le livre « L’Histoire sans Fin » de son vieil ami Koreander. Mais les Nasties le retrouvent, et Bastien, en désespoir de cause, formule le vœu de leur échapper. Le résultat ne se fait pas attendre : le voilà aussitôt propulsé à Fantasia. Conscient du pouvoir immense de ce livre, Slip le récupère et entend bien l’utiliser à ses propres fins…

Le pari était difficile, mais il a été remporté haut la main : cette troisième Histoire sans fin est encore pire que la seconde ! D’abord, comment croire en des personnages qui changent du tout au tout d’un épisode à l’autre ? Ce Bastien-ci est encore plus insipide que son prédécesseur, l’impératrice est devenue une adolescente inexpressive, et ce n’est pas tant le changement d’acteurs – compréhensible étant donné l’âge des héros – que l’écriture de leurs rôles qui est en cause. Même chose en ce qui concerne le look et le caractère des créatures de Fantasia, conçues ici par un atelier Henson qu’on connut plus inspiré : Falkor s’est mué en caricature rigide en quête de dragonnes et le Mange-Pierre en un bibendum gigotant qui pousse la chansonnette sur sa moto !

La fête du Slip

La majeure partie du film se déroule dans le monde réel, Bastien affrontant des méchants pas crédibles pour un sou (déjà, avec un chef qui s’appelle Slip, difficile pour le public français de prendre tout ça très au sérieux). Ses aléas familiaux avec sa demi-sœur, sa belle-mère et son père semblent se référer directement à la mécanique narrative des sitcoms, dont le public est visiblement ciblé (on y trouve les mêmes choix musicaux, le même humour de bas étage, les mêmes mésaventures collégiennes). Les lutins Engywook et Urgl font de la présence « comique » sans jamais intervenir dans l’histoire, Falkor se mêle à un défilé de dragons chinois (l’une des seules idées intéressantes du film), les créatures passent inaperçues au beau milieu des costumes bigarrées de la soirée d’Halloween (merci E.T.) et au moment du dénouement, Bastien leur fait ses adieux comme Dorothy dans Le Magicien d’Oz (ou plutôt comme Lucy Gutteridge à la fin de Top Secret, même si la référence n’est sans doute pas volontaire). Et Koreander de conclure par « l’histoire n’est pas finie ». Effectivement, l’œuvre de Michael continuera d’être malmenée, d’abord sous forme d’une série animée en 1996, puis d’une série live cinq ans plus tard.

 

© Gilles Penso

 

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