BABY, LE SECRET DE LA LÉGENDE OUBLIÉE (1985)

Un jeune couple découvre en pleine jungle africaine une famille de paisibles brontosaures convoités par des chercheurs cupides…

BABY, SECRET OF THE LOST LEGEND

 

1985 – USA

 

Réalisé par Bill W.L. Norton

 

Avec Sean Young, William Katt, Patrick McGoohan, Kyaki Mativo, Julian Curry, Hugh Quarshie, Olu Jacobs, Eddie Tagoe

 

THEMA DINOSAURES

Les dinosaures peuplant une jungle inconnue, thème récurrent d’un certain nombre de films d’aventures fantastiques du milieu des années 70 (Le Sixième continent, Le Continent oublié, Le Dernier dinosaure, Le Continent fantastique), étaient un peu tombés en désuétude à la fin de la décennie. Les voilà de retour dans Baby, le secret de la légende oubliée, une production Disney réalisé par Bill W.L. Norton (qui avait dirigé le téléfilm Gargouilles et la séquelle d’American Graffiti) et tournée en Côte d’Ivoire. Cette réapparition inespérée des grands sauriens de l’ère secondaire sur les écrans s’accompagne à l’époque d’une campagne médiatique importante qui fait du film un véritable événement avant même sa sortie. « Dans la forêt équatoriale de l’Afrique de l’Ouest, les rumeurs parlent d’une gigantesque créature reptilienne », nous annonce un carton d’introduction. « Présumée plus grande qu’un éléphant adulte, elle a été baptisée Mekele-Mobembe par les indigènes. De nombreuses expéditions ont été montées pour la trouver. A ce jour, aucune n’y est parvenu. » Nous voilà mis en condition. Place à Susan Matthews (Sean Young, l’androïde Rachel de Blade Runner), une jeune biologiste fraîchement mariée au journaliste George Loomis (William Katt, futur héros de House), venue étudier une épidémie mystérieuse sévissant parmi la population Kaleri d’une ville africaine. Par hasard, elle découvre qu’une famille de brontosaures a miraculeusement survécu et vit dans un coin reculé de la forêt…

La première apparition en plein jour des deux sauropodes adultes et de leur progéniture laisse aux spectateurs une impression bizarre. Leur évolution en plan large est franchement réussie et leur allure générale s’avère très respectueuse de la morphologie réelle des brontosaures, du moins telle que les paléontologues la décrivaient dans les années 80. Mais les gros plans trahissent le caoutchouc, les yeux sont ratés, la peau grossière, l’animation des bouches trop mécanique… Bref, ces créatures animatroniques conçues par Isidoro Raponi (King Kong) et Roland Tantin (La Foire des ténèbres) semblent presque échappées d’une attraction foraine. Quant au bébé, incarné par un acteur dans un costume, il s’avère encore moins crédible que les adultes. L’efficacité de Baby en est forcément amenuisée. C’est d’autant plus problématique que ces dinosaures sont l’attraction principale du film, pour ne pas dire sa raison d’être.

Bébé bronto

Passée cette incroyable découverte, qui permet tout de même à Baby de démarrer sur une note impressionnante, un rival scientifique envoyé par le gouvernement, le docteur Eric Kiviat (Patrick McGoohan, héros de la série Le Prisonnier), ancien maître d’études de Susan dévoré par l’ambition, cherche à kidnapper les animaux géants pour les présenter au monde civilisé, dans l’espoir d’en tirer la gloire. Cédant à la panique lors de la première rencontre avec le trio de brontosaures, les mercenaires engagés par Kiviat tuent le père puis capturent la mère. À leur insu, Susan et George parviennent à récupérer in-extremis le bébé dinosaure, le baptisent Baby et décident d’en prendre soin. Le petit brontosaure se comporte alors comme un enfant turbulent, dormant sous tente à leurs côtés et les taquinant pendant qu’ils roucoulent. Le souci, c’est qu’au-delà de ses effets spéciaux approximatifs, Baby souffre d’un humour un peu bas de plafond et cultive un racisme colonial à la Tintin qui était déjà très daté en 1985, les protagonistes noirs du film n’ayant droit qu’à trois types de rôles bien déterminés : les mercenaires brutaux assoiffés de sang, les gentils sauvages ou les faire-valoir comiques. Malgré les gros moyens déployés au cours des séquences d’action finales (vols d’hélicoptère, cascades, explosions et poursuites de voitures dans la jungle), Baby n’est donc pas le grand spectacle exotique espéré. Reste une belle bande originale épique signée Jerry Goldsmith.

 

© Gilles Penso

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