FOG (2005)

Le réalisateur de Stigmata se lance dans le remake d’un classique de l’épouvante signé John Carpenter…

FOG

 

2005 – USA

 

Réalisé par Rupert Wainwright

 

Avec Tom Welling, Maggie Grace, Selma Blair, DeRay Davis, Rade Serbedzija, Kenneth Welsh, Adrian Hough, Sara Botsford

 

THEMA FANTÔMES

Il était inévitable que John Carpenter soit tôt ou tard en ligne de mire des faiseurs de remakes hollywoodiens des années 2000. Inaugurée avec l’Assaut sur central 13 de Jean-François Richet, la relecture « modernisée » de l’œuvre du père de Michael Myers se poursuit avec un nouveau Fog produit par David Foster (The Thing), écrit par Cooper Lane (Fusion – The Core) et réalisé par Rupert Wainwright (Stigmata). Carpenter lui-même a soutenu le projet à 100%, mais il y a fort à parier que cet engouement démesuré ait été dicté par des raisons financières et non artistiques. Comment pourrait-il en être autrement au vu du résultat ? Des acteurs de séries télévisées à la mode, notamment Tom Welling (Smallville) et Maggie Grace (Lost) nous rejouent donc l’histoire de la petite île d’Antonio Bay frappée inexplicablement par des phénomènes inquiétants un siècle tout juste après la création du site par les « pères fondateurs », tandis qu’un brouillard mystérieux envahit les parages. Parallèlement aux morts violentes qui se succèdent sur terre ou en mer, la jeune héroïne fait des cauchemars récurrents, entend des bruits bizarres, voit des empreintes de pas humides parcourir le plafond. Mais que se passe-t-il ?

Ceux qui n’ont pas vu le classique de Carpenter seront peut-être surpris d’apprendre qu’il s’agit de la vengeance d’outre-tombe de naufragés sauvagement coulés et incendiés cent ans plus tôt par les quatre fondateurs d’Antonio Bay, leur crime odieux ayant été dissimulé par une brume opaque. Les autres s’affligeront face à ce spectacle d’une parfaite inutilité. Cela dit, il était difficile de rivaliser avec le style impeccable de Big John, avec la photographie magnifique de Dean Cundey et l’excellent casting original dominé par Jamie Lee Curtis, Tom Atkins et Adrienne Barbeau. Certes, le brouillard numérique de ce nouvel opus est indéniablement photogénique et quelques scènes du film parviennent encore à surprendre, comme ce passage digne du Blob de Chuck Russell où une femme attaquée par une main surgie de son évier se décompose à toute vitesse et finit sous forme de squelette fumant.

Bouh fais-moi peur !

Mais si la technique des effets spéciaux a évolué depuis 1980, l’art de la mise en scène est en pleine régression. Ici, Wainwright cherche l’effet facile avant tout, le « bouh fais-moi peur ! » basique. Dès qu’il sent que son film manque d’action, le réalisateur casse des vitres au ralenti et filme des accidents de voiture dans le brouillard en guise de climax. Ce Fog réchauffé est donc un film sans style, sans personnalité, encombré d’acteurs insipides, de dialogues banals et de situation peu imaginatives. Nous sommes même contraints de supporter les tentatives d’humour de Snooper, le sidekick noir aux dialogues « irrésistibles » (« les femmes ont la télépathie testiculaire »). Sans compter les incohérences totales qui parsèment le récit, comme lorsque le héros confie à se petite amie une pièce à conviction qui pourrait innocenter son ami accusé de meurtre au lieu de la donner à la police. Quant à la confrontation finale avec les fantômes, elle aurait dû être effrayante, étonnante, oppressante… Elle n’est que grotesque.

 

© Gilles Penso


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