GAMERA CONTRE VIRAS (1968)

La tortue géante préférée du public japonais affronte dans ce quatrième épisode une gigantesque pieuvre extraterrestre…

GAMERA TAÏ UCHU KAIJU BAIRASU

 

1968 – JAPON

 

Réalisé par Noriaki Yuasa

 

Avec Kojiro Hongo, Toru Takatsuka, Carl Craig, Peter Williams, Carl Clay, Michiko Yaegaki, Mari Atsumi, Junko Yashiro

 

THEMA REPTILES ET VOLATILES I MONSTRES MARINS I EXTRA-TERRESTRES I SAGA GAMERA

L’infantilisation de la saga Gamera, sérieusement amorcée avec le troisième épisode, s’affirme pleinement au sein de ce nouvel opus, du triple point de vue du scénario, du choix des protagonistes et de l’humour balourd dont il se gorge goulûment. L’histoire se résume à peu de choses : à bord d’un vaisseau spatial étrange en forme de sphères bicolores assemblées entre elles, des extra-terrestres décident d’envahir la Terre mais découvrent qu’elle est protégée par la tortue géante Gamera. Pour lui enlever toute envie de s’opposer à eux et prendre son contrôle, ils kidnappent deux jeunes boy scouts insupportables et s’en servent d’otages. Le studio Daei, soucieux de faire des économies, ne s’encombre pas de scrupules en réutilisant presque vingt minutes d’extraits empruntés aux trois films précédents pour remplir un métrage bien anémique. Pour justifier ces interminables flash-back, le film prend le prétexte de l’exploration du passé de Gamera par les aliens dans le but de mieux cerner ses éventuelles faiblesses. D’autres fois, il s’agit carrément de réutilisation pure et simple de séquences déjà vues auparavant, comme s’il s’agissait de stock shots. Gamera détruisait-il un barrage au début de Les Monstres attaquent ? Il fait la même chose ici.

Nous avons également droit à des extraits en noir et blanc du premier Gamera qui s’intègrent artificiellement dans le métrage, sans le moindre souci de raccord ou de cohérence. Bien vite, même les spectateurs les plus jeunes, auxquels cet opus est manifestement adressé, constatent l’intérêt très limité d’une telle entreprise. Pourtant, les producteurs s’efforcent de viser le public international, utilisant comme acteurs principaux un enfant japonais et un enfant américain, et ponctuant les dialogues de mots anglais (le film sortit d’ailleurs sur le territoire américain sous le titre de Destroy All Planets, pour surfer sur le succès du Godzilla de l’époque, Les Envahisseurs Attaquent, que les spectateurs américains découvrirent sous l’appellation Destroy All Monsters).

Gamera fait du surf !

Toutes ces opérations marketing ne cachent pas hélas le problème majeur de Gamera contre Viras, celui d’un film puéril bricolé à la va-vite et tourné au rabais. Les fans de monstres caoutchouteux nippons trouveront tout de même leur compte dans une poignée de séquences mémorables au cours desquelles Gamera affronte le Viras du titre, une espèce de pieuvre géante équipée d’un petit bec et de grands yeux fixes, un must dans le genre ! Le céphalopode en question s’avère être le chef des aliens, les autres s’étant camouflés sous une apparence humaine. Lorsqu’ils se retrouvent décapités par leur maître (dans un film pour enfants c’est étrange, mais nous ne sommes plus à une bizarrerie près), les extra-terrestres humanoïdes reprennent leur forme originelle de pieuvres et se retrouvent absorbés par Viras qui atteint alors des proportions alarmantes. Sans doute les scénaristes avaient-ils eux-mêmes absorbé des substances étranges… Au cours du climax, cette œuvre impensable nous offre en guise de bonus un gag calamiteux : Gamera saute sur le dos de Viras et se met à surfer d’un air enjoué !

 

© Gilles Penso

 

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