SSSNAKE, LE COBRA (1973)

Un savant fou passionné de reptiles transforme ses assistants en créatures hybrides entre l’homme et le serpent…

SSSSSS !

 

1973 – GB

 

Réalisé par Bernard Kowalski

 

Avec Strother Martin, Dirk Benedict, Heather Menzies, Richard B. Shull, Tim O’Connor, Jack Ging, Kathleen King, Reb Brown

 

THEMA REPTILES ET VOLATILES

Film de monstre résolument atypique signé par Bernard Kowalski (L’Attaque des sangsues géantes, Krakatoa à l’est de Java), Sssnake nous met en présence d’une sorte d’émule du Moreau d’H.G. Wells, le docteur Stoner (Strother Martin), spécialiste des serpents. Persuadé que seuls les reptiles pourront survivre dans une société future, il expérimente sur ses assistants une drogue visant à les muer en cobras royaux aux cerveaux humains, de façon à générer une nouvelle espèce. Son cobaye précédent, un échec, est devenu le pitoyable homme-serpent d’une fête foraine. D’où une séquence éprouvante au cours de laquelle Kristina (Heather Menzies), la fille de Stoner, rencontre dans une foire le fruit pathétique de cette expérience ratée, une malheureuse larve verdâtre dont le regard terriblement humain traduit une tragique affliction. Un moment de terreur malsaine presque digne du Freaks de Tod Browning. Le cobaye suivant, David (Dirk Benedict), est son nouvel assistant. Le savant fou lui inocule tous les jours un peu de son sérum, prétextant un antidote contre les morsures de serpent, et le transforme ainsi progressivement en homme-reptile. Jusqu’à ce que le savant ne découvre avec angoisse que David est le petit ami de sa fille. Et si celle-ci était enceinte… De quoi diable accoucherait-elle ?

Le point de départ de ce scénario fou signé Hal Dresner est des plus fascinants, et le prologue du film est propre à piquer au vif la curiosité du spectateur. Mais l’intrigue se développe ensuite lentement, si lentement qu’on finit par s’y ennuyer ferme. C’est d’autant plus dommage que Sssnake met en scène une quantité impressionnante de vrais serpents en permanence en contact étroit avec les personnages. Un carton pré-générique salue d’ailleurs la performance des comédiens et des techniciens en contact quotidien avec cette multitude rampante. Mais certaines scènes, en particulier la mort d’un cobra tué d’une balle dans la tête, ou le combat d’un serpent contre une mangouste, laissent craindre les traitements douteux qu’ont dû subir certains des reptiles sur le tournage. Strother Martin, parfait dans le rôle de ce savant fou aux apparences si bienveillantes, est le seul comédien du film capable de véritablement tirer son épingle du jeu, à l’exception peut-être de Richard B. Shull. La joute verbale de ces deux antagonistes, au cours de la première séquence, est un petit régal. On ne peut pas en dire autant de Dirk Benedict et Heather Menzies, terriblement inexpressifs.

L’horrible métamorphose

Le scénario, bizarrement construit, n’a même pas su profiter d’éléments prometteurs mis en place au fil de l’intrigue, comme la forte myopie de l’héroïne ou la maladresse au tir de l’adjoint au shérif. Ces idées narratives auraient pu amplifier le suspense final mais ne jouent finalement aucun rôle. Le maquillage de l’homme-serpent, dû à John Chambers (La Planète des singes), est une grande réussite, subtilement mis en valeur par un dévoilement progressif. La peau s’altère, le visage s’aplatit, l’épiderme prend une teinte verdâtre puis se recouvre d’écailles… Hélas, l’efficacité de cet effet est entravée par la transformation finale réalisée par le biais de fondus enchaînés successifs, comme à l’époque des vieux films de loups-garous du studio Universal. Reste un final paroxystique pour le moins angoissant qui s’appuie sur l’étape finale de la métamorphose de David. Pour l’anecdote, Sssnake marque la première apparition à l’écran de Reb Brown, futur héros de Yor le chasseur du futur et Captain America. Il s’agit également de la première production du duo Richard Zanuck/David Brown, qui toucheront le jackpot deux ans plus tard avec Les Dents de la mer.

 

© Gilles Penso

 

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