RESIDENT EVIL: BIENVENUE À RACCOON CITY (2021)

Après six films mettant en vedette Milla Jovovich, la franchise Resident Evil redémarre sur de nouvelles bases, sans forcément y gagner au change…

RESIDENT EVIL: WELCOME TO RACCOON CITY

 

2021 – USA / ALLEMAGNE / FRANCE / CANADA / AUSTRALIE / GB

 

Réalisé par Johannes Roberts

 

Avec Kaya Scodelario, Hannah John-Kamen, Robbie Amell, Avan Jogia, Tom Hopper, Lily Gao, Neal McDonough, Donald Logue; Holly de Barros

 

THEMA ZOMBIES I MUTATIONS I SAGA RESIDENT EVIL

L’idée d’un reboot de la saga inspirée par les jeux d’épouvante Capcom est née alors même que le sixième épisode de la franchise, Resident Evil : chapitre final, était encore à l’affiche en 2016. Sentant la série battre de l’aile et l’intérêt du public s’éroder, les producteurs de Constantin Film veulent éviter que le soufflé ne retombe trop vite et initient donc un épisode reprenant tout depuis le début. James Wan est d’abord associé au projet, aux côtés du scénariste Greg Russo, mais les deux hommes décident finalement de s’attacher à l’adaptation d’une autre franchise vidéoludique, en l’occurrence le Mortal Kombat de 2021. C’est ensuite que le réalisateur anglais Johannes Roberts entre en scène, au double poste d’auteur et de metteur en scène. Très attaché aux jeux originaux, notre homme souhaite y être le plus fidèle possible, prévoyant de disséminer tout au long de son film des clins d’œil adressés aux gamers (dans les décors, les accessoires, la musique). Séduites par le concept de ce Resident Evil : bienvenue à Raccoon City, les équipes de Capcom mettent à la disposition du cinéaste les plans originaux ayant permis de modéliser certains décors clés des premiers jeux de la série, notamment le manoir Spencer et le commissariat de police. Bref, les intentions sont louables et tous les espoirs sont permis. La déception n’en est hélas que plus forte.

Vouloir retrouver l’esprit et les éléments visuels des deux premiers jeux de la série, c’est bien. Construire un scénario digne de ce nom susceptible d’intéresser les spectateurs et de les impliquer, c’est mieux. Car la difficulté majeure des adaptations de jeux consiste à trouver un moyen de compenser le manque de proactivité du public, redevenu simple spectateur passif, faute de quoi l’ennui s’installe rapidement. Or tel est le travers principal de ce septième Resident Evil. Nous découvrons d’un œil distrait la ville sinistre de Raccoon City, devenue quasiment fantôme après que la compagnie pharmaceutique Umbrella Corporation ait décidé de quitter les lieux, laissant dans son sillage le fruit de quelques expériences inavouables. Ancienne pensionnaire de l’orphelinat local, Claire (Kaya Scodelario) revient à la rencontre de son frère Chris (Robbie Amell) qui, avec ses collègues policiers, est parti en mission dans l’inquiétant manoir Spencer perdu au milieu des bois… L’intrigue met un temps fou à s’installer, compensant le manque de péripéties par des petits détails insolites : une mère et sa fille au crâne hypertrophié et au regard bizarre, des autochtones qui se mettent inexplicablement à saigner des yeux, une femme heurtée par un camion qui disparaît sans laisser de trace…

Déjà vu

On sent bien l’envie chez Johannes Roberts de s’inspirer du style de John Carpenter (la musique synthétique, l’unité de lieu et de temps, le huis-clos dans le commissariat, la petite ville nocturne). De toute évidence, Assaut, Fog et Prince des ténèbres sont les influences majeures du cinéaste. Mais faute de personnages intéressants et de motivations claires, comment s’intéresser à leur sort ? Le schéma classique du film de morts-vivants n’est brisé que le temps de mettre en scène quelques monstres intéressants (un chien zombie, un mutant décharné à la mâchoire immense garnie de dents acérées, et surtout un « boss » final complètement délirant), mais le sentiment de déjà vu ne s’estompe pas pour autant. Sans compter les invraisemblances de certaines séquences qui donnent au film la tournure d’une parodie involontaire. Notamment lorsque ce jeune policier assoupi à l’accueil du commissariat ne se réveille pas alors qu’un semi-remorque vient de se renverser et d’exploser à quelques mètres de lui ! Entre deux placements produits Sony et quelques tubes des années 90, Resident Evil : bienvenue à Raccoon City fixe donc très vite ses limites et nous ferait presque regretter Paul Anderson et Milla Jovovich, c’est dire !

 

© Gilles Penso

 

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