DEMONIC (2021)

Le réalisateur de District 9 et Chappie est de retour pour un thriller étonnant où la science-fiction et l’horreur cohabitent de très près…

DEMONIC

 

2021 – CANADA

 

Réalisé par Neill Blomkamp

 

Avec Carly Pope, Chris William Martin, Nathalie Boltt, Michael J. Rogers, Terry Chen, Kandyse McClure, Jason Tremblay, Quinton Boisclair

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I MONDES VIRTUELS ET MONDES PARALLÈLES I MÉDECINE FOLIE

Dans la foulée du tiercé gagnant District 9, Elysium et Chappie, le talentueux Neill Blomkamp développe plusieurs projets très alléchants, notamment un Alien 5 soutenu à fond par Sigourney Weaver et un Robocop Returns que nous aurions été curieux de découvrir. Les prémices sont prometteuses et les dessins de pré-production pleins de trouvailles, mais ces productions n’aboutissent pas, nous laissant comme tristes lots de consolation le Alien Covenant de Ridley Scott et le Robocop de Jose Padilha. Ces relectures personnelles des mythes portés originellement à l’écran par Scott et Verhoeven sont donc à ranger dans la vaste salle des archives où reposent tant de films appétissants n’ayant jamais vu le jour. Après avoir signé de nombreux courts-métrages, histoire sans doute de ne pas perdre la main, Blomkamp décide de prendre le taureau par les cornes et de faire fi de l’épidémie mondiale du Covid-19 pour tourner de manière quasiment clandestine un quatrième long-métrage issu de son imagination. Avec une équipe réduite et deux actrices principales avec lesquelles il est familier, Carly Pope (Elysium) et Nathalie Boltt (District 9), il s’installe au Canada et tourne sous le titre de travail « Unlocked » un film qui portera finalement comme titre Demonic.

Carly (Carly Pope), une femme approchant la quarantaine qui vit seule en Colombie-Britannique, est un jour contactée par l’institut médical Therapol. Elle apprend que sa mère, une criminelle avec qui elle a complètement coupé les ponts suite à sa condamnation et son incarcération, est tombée dans le coma. Les scientifiques de Therapol ont mis au point une technologie de pointe qui permet, grâce à la réalité virtuelle, d’entrer dans l’esprit d’un patient pour communiquer avec lui. Carly est invitée à se soumettre à cette expérience afin d’entrer en contact avec sa mère. Malgré ses réticences, elle finit par accepter. Son avatar numérique est créé au cours d’une session qui ressemble beaucoup à de la motion capture (technique que Blomkamp avait lui-même porté aux nues avec les aliens de District 9 et le robot de Chappie). Carly s’allonge ensuite à côté de sa mère inanimée et s’apprête à plonger dans son cerveau, sans se douter qu’elle va ramener de ce voyage dans l’inconnu quelque chose de terrifiant…

Ça commençait si bien…

Le postulat de Demonic rappelle irrésistiblement celui de The Cell de Tarsem Singh. Mais les deux approches sont très différentes. Au surréalisme poétique adopté par le réalisateur des Immortels, Neill Blomkamp préfère une mise en image volontairement peu esthétique. L’univers virtuel dans lequel Carly évolue est donc pixellisé, plein d’artefacts numériques peu gracieux. Le réalisme semble d’ailleurs être le mot d’ordre de Demonic. Très finement interprété par une Carly Pope tout en justesse et en subtilité, le personnage principal du film révèle progressivement son passé et ses fêlures, répercutées sur ses deux amis d’enfance qu’interprètent Chris William Martin et Kandyse McClure. À l’avenant, la mise en scène de Blomkamp reste en retrait, élégante et discrète, à tel point que le spectateur finit par croire à ce récit complètement dingue et à ses conséquences inattendues. La curiosité cède le pas au malaise puis à la terreur pure au moment d’un premier climax éprouvant. Hélas, le château de carte minutieusement bâti par le cinéaste finit par s’écrouler au cours d’un dernier acte qui oublie toute rigueur et toute cohérence. Le comportement des personnages n’a plus grand-chose de crédible, dicté par les besoins d’un scénario qui soudain en fait trop, et l’on n’y croit plus. Quel dommage ! Demonic commençait pourtant si bien…

 

© Gilles Penso

 

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