JULIA X (2011)

Un tueur en série et l’une de ses victimes se lancent dans un violent jeu du chat et de la souris qui prend une tournure très inattendue…

JULIA X

 

2011 – USA

 

Réalisé par P.J. Pettiette

 

Avec Valerie Azlynn, Kevin Sorbo, Alicia Leigh Willis, Joel David Moore, Ving Rhames, Gregg Brazzel, Cassie Shea Watson, Saxon Sharbino

 

THEMA TUEURS

Julia X partait avec plusieurs atouts en poche : la promesse d’un slasher sexy au second degré, un tournage en stéréoscopie permettant des effets 3D spectaculaires, le grand retour de Kevin Sorbo (le héros de la série Hercule de Sam Raimi) dans le rôle d’un tueur en série psychopathe, bref il y avait de quoi se pourlécher les babines. La déception n’en est que plus grande. Pour son premier (et unique à ce jour) long-métrage en tant que réalisateur, le scénariste et producteur P.J. Pettiette démontre pourtant un indiscutable savoir-faire technique. Mais faute d’un scénario qui tienne la route, Julia X part dans tous les sens et n’arrive nulle part. Les vingt premières minutes du film sont un jeu du chat et de la souris entre un serial-killer improbable et une victime résolument décidée à ne pas se laisser faire. Valerie Azlynn, aperçue dans Ma sorcière bien-aimée et Tonnerre sous les tropiques, incarne la Julia du titre, une jeune femme qui déjeune avec un homme rencontré sur Internet. Son interlocuteur est charmant, les choses semblent bien engagées, mais Julia préfère écourter les choses. L’homme ressurgit alors sur sa banquette arrière et la kidnappe. Dans le garage où il sévit, il l’enchaîne, la marque au fer rouge de la lettre X sur la cuisse (il s’agirait donc de sa 24ème victime, toutes ayant été marquées d’une lettre de l’alphabet) puis la transporte dans sa camionnette jusqu’à un endroit isolé où l’on suppose qu’il se débarrassera d’elle. Sauf que Julia est une victime récalcitrante qui parvient à prendre la fuite…

C’est donc parti pour un chassé-croisé mouvementé qui ne possède pas une once de crédibilité mais se rattrape par le dynamisme de la mise en scène, la photogénie de certains décors (ce lac noyé de brume semble s’être échappé de la franchise Vendredi 13), la sympathique gratuité des effets 3D (le chasseur et sa proie n’en finissent plus de casser des éléments de décors pour les envoyer au visage des spectateurs) et l’implication physique manifeste des comédiens. L’ex-Hercule des années 90 est encore très athlétique et Valerie Azlynn donne beaucoup de sa personne, même si bien sûr les cascadeurs sont largement sollicités pour se substituer à eux. Au moment où le film commence dangereusement à tourner en rond, un coup de théâtre impromptu vient relancer l’intrigue. Les rôles se redistribuent et les situations évoluent. Ce pourrait être pour le meilleur. C’est hélas pour le pire…

Psycho Sisters

Car à partir de là, les motivations des personnages – qui n’étaient déjà pas particulièrement crédibles – deviennent tout bonnement incompréhensibles. Les comportements de chacun n’ont plus aucun sens, les péripéties deviennent totalement absurdes, bref rien ne va plus. De vagues flash-backs remontant à l’enfance viennent parfois s’intercaler dans l’action pour tenter de justifier ce qui se passe dans la tête des protagonistes, mais Julia X reste un fourre-tout grotesque dans lequel le scénario semble s’improviser au fur et à mesure. Il y avait pourtant quelques idées intéressantes à exploiter, notamment autour de la personnalité de ce tueur exagérément jovial et sûr de lui qui marque ses victimes et passe son temps à écouter de la musique sirupeuse (un peu comme l’assassin incarné par Dominique Pinon dans Diva, dont le walkman diffusait en boucle du bal musette). Mais ces idées ne servent à rien, sont abandonnées en cours de route et s’étouffent dans l’œuf. La principale motivation du film semble être de montrer les personnages se courir après, se frapper, tout casser, se torturer, s’entretuer, saigner, ricaner, recommencer, comme si nous étions dans un grand épisode hystérique de Itchy et Scratchy. Peut-être Pettiette cherche-t-il à retrouver le grain de folie d’un Sam Raimi période Mort sur le gril ? Peine perdue, Julia X ne rime à rien et s’achève comme il a commencé, sans queue ni tête.

 

© Gilles Penso


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