LA REINE DES DAMNÉS (2002)

Une fausse suite d’Entretien avec un vampire dans laquelle le redoutable Lestat est devenu une superstar de hard rock !

QUEEN OF THE DAMNED

 

2002 – USA

 

Réalisé par Michael Rymer

 

Avec Aaliyah, Stuart Townsend, Marguerite Moreau, Vincent Pérez, Paul McGann, Christian Manon, Claudia Black, Bruce Spence, Matthew Newton, Triel Mora

 

THEMA VAMPIRES

Le succès d’Entretien avec un vampire ayant fait découvrir au grand public les écrits sulfureux d’Anne Rice, il fallait battre le fer pendant qu’il était encore chaud. Indépendant du film de Neil Jordan, bien que surfant consciemment sur son aura en tentant de se faire passer pour une suite officielle, La Reine des damnés est écrit en 1999 par Scott Abbott et Michael Petroni (jusqu’alors spécialisés dans les téléfilms et les séries TV). Le scénario s’inspire principalement du roman homonyme publié en 1988 mais aussi du “Vampire Lestat” antérieur de trois ans. Pour reprendre le rôle tenu en 1994 par Tom Cruise, la production jette son dévolu sur Stuart Townsend, qui vient de se faire remercier du plateau de La Communauté de l’Anneau où il était censé incarner Aragorn (Peter Jackson s’étant rendu compte au bout de quatre jours de tournage qu’il était définitivement trop jeune pour incarner le personnage). À ses côtés, la star du R&B Aaliyah est choisie pour entrer dans la peau de la plus ancienne et la plus puissante des vampires, la redoutable Akasha. Il s’agit de son second long-métrage après Roméo doit mourir. Quant à notre Vincent Perez national, qui prenait en 1996 la succession de Brandon Lee pour The Crow : La Cité des anges, il prête ses traits à Marius, le suceur de sang qui a initié Lestat aux plaisirs de la vie éternelle. Tout ce beau monde se retrouve face à la caméra du réalisateur australien Michael Rymer.

Dès l’entame de La Reine des damnés, on sent qu’il va falloir faire beaucoup d’efforts pour s’intéresser à ce récit tarabiscoté. Par l’entremise de sa voix off (à qui parle-t-il ? Mystère…), le vampire Lestat nous explique qu’il s’est isolé dans un sommeil prolongé pendant des décennies – depuis les événements narrés dans Entretien avec un vampire – mais qu’il décide finalement de se réveiller en entendant du hard rock ! Notre protagoniste blafard rend visite aux membres du groupe qui l’a tiré de sa torpeur et devient leur leader. Là, notre suspension d’incrédulité en prend un coup. Mais ce n’est pas tout. Devenu superstar internationale de la musique, Lestat remplit les salles de concerts, déchaîne les foules et affole les journalistes. Pris d’une impulsion soudaine, il annonce alors au monde entier que les vampires existent, qu’il est l’un d’eux et que tous ses congénères sont invités à sortir de l’ombre pour se montrer parmi les humains. Ses motivations sont à vrai dire incompréhensibles et provoquent diverses réactions parmi les suceurs de sang. La plupart d’entre eux veulent sa peau pour avoir révélé un secret bien gardé depuis des millénaires. D’autres cherchent à le protéger. C’est là qu’entre en scène Akasha, la « mère de tous les vampires », une créature à la puissance inouïe qui régna en Égypte pendant l’antiquité et qui revient faire des siennes au beau milieu de cet imbroglio scénaristique en roue libre…

Vampire en pire

Même si l’on est suffisamment charitable pour éviter toute comparaison avec Entretien avec un vampire, force est de constater que cette Reine des damnés ne tient pas du tout la route. Le premier problème tient à la prestation de Stuart Townsend qui, exempt de tout charisme, se limite au registre de l’éphèbe malingre aux regards langoureux. Vincent Perez s’en sort mieux, même s’il n’a pas grand-chose à défendre dans le rôle limité de ce Marius aux tourments à peine effleurés. Entre deux séquences grotesques (le bar caricatural où se réunissent des vampires au look gothique, le combat invraisemblable pendant le concert), La Reine des damnés parvient à esquisser quelques passages qui sortent du lot, notamment l’éveil de la statue d’Akasha provoqué par les coups d’archer frénétiques que joue Lestat sur son violon. Aaliyah elle-même n’apparaît qu’au milieu du film, après plus de 50 minutes de métrage. Même si son temps de présence à l’écran est limité, c’est elle qui est le mieux servie par le film. Son look antique sexy est une bonne trouvaille, sa présence physique crève l’écran. Quant à la scène du massacre qui introduit le personnage, elle n’y va pas avec le dos de la cuiller, la vampire millénaire arrachant un cœur à main nue pour le dévorer et enflammant à distance ceux qui passent à sa portée. La Reine des damnés lui est dédié, la chanteuse/comédienne étant décédée dans un accident d’avion juste après le tournage du film.

 

© Gilles Penso


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