PSYCHOSE PHASE 3 (1978)

Le futur réalisateur du Retour du Jedi nous invite dans une luxueuse demeure où se déroulent des phénomènes très inquiétants…

THE LEGACY

 

1978 – GB / USA

 

Réalisé par Richard Marquand

 

Avec Katharine Ross, Sam Elliott, Roger Daltrey, John Standing, Ian Hogg, Margaret Tyzack, Charles Gray, Lee Montague, Hildegard Neil, Marianne Broome

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Célèbre scénariste ayant offert à la Hammer quelques-uns de ses récits les plus mémorables (Frankenstein s’est échappé, Le Cauchemar de Dracula, La Malédiction des pharaons et beaucoup d’autres), Jimmy Sangster s’attèle avec The Legacy à un récit qu’il espère original, racontant le surgissement de manifestations surnaturelles dans un hôpital de Detroit. Le producteur David Foster aime bien ce point de départ mais souhaiterait un film plus proche de l’esprit Hammer, situé dans des extérieurs naturels anglais. Il demande donc à deux autres scénaristes, Patrick Tilley (Le Continent oublié) et Paul Wheeler (Un homme voit rouge) de remanier le script en ce sens, au grand dam de Sangster qui voulait justement échapper aux lieux communs. L’action se déroule donc dans un grand manoir et collectionne un certain nombre de stéréotypes. La mise en scène échoit à Richard Marquand, vétéran du petit écran qui s’attaque ici à son premier long-métrage pour le cinéma. Il passera à la postérité quelques années plus tard lorsque George Lucas lui confiera Le Retour du Jedi. À son actif, on compte également plusieurs thrillers comme L’Arme à l’œil ou À double tranchant.

Pete Danner (Sam Elliott) et Maggie Walsh (Katharine Ross), décorateurs d’intérieur de Los Angeles, se voient confier un travail en Angleterre. Alors qu’ils arpentent la campagne britannique en moto, ils évitent de justesse une berline qui les envoie valser dans le décor. Leur véhicule étant hors d’usage, tous deux acceptent l’hospitalité de Jason Mountolive (John Standing), le propriétaire de la berline qui se trouve être leur commanditaire. Les voilà dans un très luxueux manoir, où viennent les rejoindre d’autres invités. À partir de là s’enchaînent des accidents de plus en plus préoccupants : Pete est presque ébouillanté dans une douche soudain incontrôlable, une nageuse se noie dans la piscine, un homme qui s’étouffe avec un os de poulet est soumis à une trachéotomie improvisée qui s’achève dans un bain de sang, un autre homme est brûlé vif par un feu de cheminée agressif, une femme est transpercée de toutes parts par un miroir qui se brise devant elle… Nos décorateurs d’intérieur n’ont bien sûr qu’une hâte : quitter les lieux dès que possible. Mais il n’est pas si simple de s’échapper du manoir maudit.

Le manoir maudit

À mi-chemin entre le récit mystérieux à la Agatha Christie, le film de maison hantée façon La Maison du diable et le slasher (dont il reprend le principe de l’enchaînement des morts violentes sans se départir d’un soupçon de gore), The Legacy bénéficie d’une mise en scène solide, altérée hélas par une bande originale aux accents disco qui désamorce maladroitement l’impact de plusieurs séquences. Au-delà des trépas spectaculaires, le film nous offre son lot de passages mémorables, comme cette évasion cauchemardesque dans laquelle toutes les routes empruntées par les fuyards ramènent systématiquement au manoir (variante horrifique du Prisonnier en quelque sorte). Le charisme de Sam Elliott et Katharine Ross irradie tout l’écran, même si leurs compagnons de jeu ne donnent pas forcément dans la demi-mesure (notamment un Charles Gary reprenant peu ou prou son rôle des Vierges de Satan ou un Roger Daltrey exubérant qui ne doit sa présence dans le film qu’au fait qu’il est le propriétaire du lieu de tournage, en l’occurrence le fameux manoir). Le fin mot de l’histoire nous est révélé par un final abrupt un peu décevant, rien ne justifiant par ailleurs le titre étrange choisi par les distributeurs français (Psychose phase 3) qui semble vouloir créer un lien hors-sujet avec le classique d’Alfred Hitchcock. L’une des plus heureuses conséquences de ce film aura finalement été la rencontre des comédiens Sam Elliott et Katharine Ross, qui tomberont amoureux pendant le tournage, se marieront en 1984 et formeront l’un des couples les plus durables d’Hollywood.

 

© Gilles Penso


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