EXPOSÉ (1975)

Un écrivain s’isole dans une maison pour travailler sur son nouveau roman, mais d’inquiétantes visions érotico-sanglantes l’assaillent…

THE HOUSE ON STRAW HILL

 

1975 – GB

 

Réalisé par James Kenneth Clarke

 

Avec Udo Kier, Linda Hayden, Fiona Richmond, Patsy Smart, Vic Armstrong, Karl Howman

 

THEMA TUEURS

Signataire d’une petite série de films sexy anecdotiques, James Kenneth Clarke s’attaque avec Exposé à une œuvre étrange et sulfureuse, mixant bizarrement les codes du cinéma d’épouvante avec ceux du film érotique tout en conservant la patine typique des « exploitation movies » des années 70. Le scénario s’intéresse à l’écrivain Paul Martin (Udo Kier, inoubliable « héros » de Du sang pour Dracula et Chair pour Frankenstein), dont le premier roman « Essex Ghosts » a remporté un très grand succès. Pour se mettre au travail sur son second ouvrage, il se réfugie dans une maison isolée à Straw Hill. Mais ses sessions d’écriture prennent rapidement une tournure inattendue. Ses fantasmes le poussent à faire l’amour avec son amie Suzanne (Fiona Richmond, sex star des années 70 dont l’impressionnante poitrine occupe tout l’écran avec générosité) en revêtant des gants de chirurgien. Pourquoi pas ? Mais aussitôt, le voilà assailli de visions violentes et sanglantes. Lorsque l’opulente Suzanne quitte les lieux, la jeune et jolie dactylo Linda (Linda Hayden, vue dans Une Messe pour Dracula et Queen Kong) entre en scène. La tension sexuelle monte alors d’un cran…

À vrai dire, la mystérieuse Linda cache bien son jeu. Lorsque Paul lui dicte les passages libidineux de son roman, elle les tape à la machine froidement avec une manifeste indifférence. Mais en se réfugiant dans sa chambre, elle s’adonne régulièrement à des plaisirs solitaires, exercice auquel elle se livre aussi dans les champs, ce qui attire bientôt deux chasseurs en rut contre lesquels elle retourne leur fusil après avoir été violée par l’un d’eux. L’intrigue semble alors s’acheminer vers les codes du « revenge movie », voire du « rape and revenge » qui connaîtra son apogée avec Œil pour œil. Mais une fois de plus, nous sommes désarçonnés dans la mesure où la suite du récit emprunte plus volontiers la voie du slasher sans se départir de ses écarts érotiques et de son caractère onirique. Le sang coule, les corps exultent, la réalité et l’illusion finissent par s’emmêler et le spectateur ne sait plus trop où donner de la tête.

Triangle macabre

Si Udo Kier est parfait sous la défroque de cet écrivain arrogant, glacial et paranoïaque (qui caresse sans y être incité la poitrine de sa secrétaire en réclamant de la sympathie et de la compréhension) et si Linda Hayden excelle dans un rôle à double tranchant, les excès de Fiona Richmond gâchent un peu le spectacle. Visiblement incapable de se défaire des tics hérités des comédies polissonnes britanniques dont elle se fit une spécialité, elle grimace, gémit et se déhanche sans la moindre subtilité. Il n’empêche que ce triangle amoureux complexe, fait de non-dits, de mystères, de fantasmes et de frustrations, finit par s’avérer fascinant. Exposé est principalement un film d’atmosphère, qui repose donc plus sur les sensations indicibles qu’il procure que sur sa narration à proprement parler. Il y a bien un retournement de situation final, mais il s’avère assez décevant dans sa volonté un peu artificielle de rationaliser l’irrationnel. Charcuté par la censure qui l’expurgea un peu de sa violence et de sa nudité, Exposé (également connu sous le titre Trauma) fut interdit pendant vingt ans sur le territoire britannique, héritant du fameux label « Video Nasties » attribué aux films placés sur la liste noire des pouvoirs publics anglais.

 

© Gilles Penso


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