LA TOMBE DE LA MOMIE (1942)

Le monstre à bandelettes d’Universal crève l’écran pour la troisième fois consécutive, cette fois-ci sous les traits de Lon Chaney Jr.

THE MUMMY’S TOMB

 

1942 – USA

 

Réalisé par Harold Young

 

Avec Lon Chaney Jr, Elise Knox, Dick Foran, Tuhran Bey, Wallace Ford, John Hubbard, George Zucco, Virginia Brissac

 

THEMA MOMIES I SAGA UNIVERSAL MONSTERS

Consacré vedette de l’épouvante grâce à ses prestations dans Tumak fils de la jungle, L’Échappé de la chaise électrique et Le Loup-garou, Lon Chaney Jr hérite en 1942 du rôle du monstre en bandelettes des studios Universal à l’occasion de La Tombe de la Momie, succédant ainsi à Boris Karloff (La Momie) et Tom Tyler (La Main de la Momie). En réalité, ce troisième épisode aurait dû être situé au début des années 70, puisque La Main de la Momie se déroule en 1940 et que trente années sont censées avoir passé depuis. Mais le scénario de Griffin Jay et Henry Sucher fait fi de cette logique chronologique et installe le récit dans les années 40, faisant suite directement au film précédent. L’archéologue Steve Banning, toujours incarné par Dick Foran, est désormais un vénérable sexagénaire qui raconte à son fils John (John Hubbard) et à sa fiancée Isobel (Elyse Knox) la fameuse expédition au cours de laquelle Kharis fut ramené à la vie. Les douze premières minutes du film sont donc principalement constituées d’extraits de La Main de la Momie, ce qui semble quelque peu excessif pour un film ne durant qu’une petite heure. Une fois ce long résumé achevé, nous apprenons que le prêtre Andoheb (George Zucco) n’est pas mort malgré les coups de feu qui l’ont transpercé à la fin du film précédent (il s’en est tout juste tiré avec un bras cassé !). Quant à la momie de Kharis, qui terminait pourtant son aventure en flammes, elle se porte comme un charme.

La scène qui suit est donc un remake du prologue de La Main de la Momie : Andoheb, sur le point de rejoindre ses ancêtres, demande au jeune prêtre Mehemet Bey (Turhan Bey) de prendre sa relève et de maintenir Kharis en vie. Fort heureusement, La Tombe de la Momie s’extrait ensuite de la trop forte influence de son prédécesseur et change de contexte géographique. Car cette fois-ci la momie est camouflée dans le cimetière de Mapleton, au cœur de la Nouvelle-Angleterre, où Bey exerce désormais comme gardien, déclamant à Kharis : « Comme les vieilles montagnes d’Egypte, tu es éternel ». D’où certaines séquences macabrement photogéniques, notamment lorsque le monstre émerge de son sarcophage toutes les nuits et arpente la campagne pour faire subir son courroux à ceux qui, jadis, pillèrent la tombe de sa promise Ananka. Alors que les meurtres se multiplient, la presse commence à s’intéresser de près à l’affaire, et le new-yorkais Babe Jenson (Wallace Ford), ancien bout-en train devenu ici un vieil homme empreint de sagesse, essaie de convaincre son entourage qu’une momie est à l’origine des assassinats. Le médecin légiste lui-même, chargé d’analyser l’étrange dépôt laissé sur le corps des victimes, finit par annoncer aux policiers incrédules : « Que vous le vouliez ou non, nous avons affaire à un mort-vivant ! »

« Nous avons affaire à un mort-vivant ! »

Suivant très fidèlement la trace de son prédécesseur Andoheb, Mehemet Bey s’éprend d’une jeune Occidentale, en l’occurrence Isobel, et somme Kharis de la lui ramener pour qu’il partage avec elle l’immortalité et en fasse son épouse. D’où quelques visions emblématiques de la momie portant la belle dans un cimetière nocturne. Le talentueux Jack Pierce, qui avait déjà mué Lon Chaney Jr en impressionnant loup-garou, adapte cette fois-ci le maquillage de la momie à son visage arrondi. Le résultat est efficace, mais en ne laissant au comédien qu’un seul œil apparent pour s’exprimer, Pierce limite considérablement son jeu d’acteur et le rend parfaitement méconnaissable. Le final, empruntant à l’imagerie classique des Frankenstein, nous gratifie des villageois furieux armés de torches et du brasier détruisant enfin le monstre, comme à l’issue du film précédent. Ce climax utilise d’ailleurs un certain nombre de stock-shots empruntés directement à Frankenstein, preuve d’une baisse de budget manifeste. La Tombe de la Momie sort le 23 octobre 1942 sur les écrans américains, en double programme avec Night Monster de Ford Beebe.

 

© Gilles Penso


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