L’ÎLE DU NON RETOUR (1973)

Dans un futur indéterminé, une île au large de la Californie s’est transformée en prison où les criminels sont livrés à eux-mêmes…

TERMINAL ISLAND

 

1973 – USA

 

Réalisé par Stephanie Rothman

 

Avec Don Marshall, Phyllis Davis, Ena Hartman, Marta Kristen, Barbara Leigh, Randy Boone, Tom Selleck

 

THEMA FUTUR

« L’Île du non-retour : l’endroit où nous déversons nos poubelles humaines ! » clamait la voix off de la bande annonce de l’époque. Avant d’être une fable d’anticipation et de politique-fiction, L’Île du non-retour est d’abord et surtout un film d’exploitation typique des années 70, avec des héros noirs et blancs, de l’action, de la violence, un zeste d’érotisme et une musique à la Shaft (avec en prime une improbable chanson de générique vaguement country, titrée « Too Damn Bad » et interprétée par Jeff Thomas). L’originalité du film (connu aussi en France sous le titre Le Dernier pénitencier) tient dans son postulat de départ, qu’on retrouvera restitué quasi-intégralement dans Absolom 2022, mais aussi partiellement dans New York 1997. Nous sommes dans un futur indéterminé, et l’île de San Bruno, au large de la Californie, a été transformée par le gouvernement en prison d’état. Tous les meurtriers au premier degré y sont laissés à l’abandon, libres de s’organiser et de survivre comme ils l’entendent, du moment qu’ils ne s’échappent pas de l’île.

C’est dans cet environnement barbare et inhospitalier, sans loi ni gardiens, qu’est exilée la détenue Carmen Sims (Eva Hartman). « Conformément au code pénal californien, vous êtes aujourd’hui légalement morte », lui annonce avant son transfert un fonctionnaire en lui tendant un formulaire, « signez ici ». Ce à quoi la belle, qui n’a pas froid aux yeux, rétorque : « je n’ai jamais entendu dire qu’un cadavre savait signer ! ». Tombée sous le giron du sinistre Bobby Farr (Sean Kenney), Carmen se retrouve dans une communauté exagérément machiste où les filles sont réduites en esclavage, servant tour à tour de bêtes de somme, de cuisinières, de femmes de ménage et de prostituées ! Bientôt, elles sont libérées par un groupe de rebelles et révèlent dès lors des capacités de fines guerrières. C’est le coup d’envoi d’une guerre ouverte entre les deux clans…

Tom Selleck en guest-star

Toutes les conventions du film de prison de femmes sont donc réunies, mais l’intrigue de L’Île du Non-retour est somme toute assez palpitante, notamment au moment de l’affrontement final, terriblement déséquilibré, entre les « méchants », une quarantaine de sauvages armés, et les « gentils », une poignée de héros équipés de grenades de fortune et de projectiles explosifs artisanaux. Par un heureux caprice du hasard, toutes les filles exilées sur cette île prison sont jeunes, girondes et sculpturales, tandis que les images finales du film laissent entrevoir une ébauche de paradis sur une île sauvage devenue édénique. Tom Selleck, future superstar de la série Magnum, promène nonchalamment sa grande silhouette dans le rôle de Norman Milford, un docteur injustement accusé de meurtre qui se drogue pour oublier ses malheurs. « Tout le monde sur cette île est un assassin, sauf moi… Je suis innocent » déclare-t-il à Carmen lors de leur première rencontre. « Ouais », se contente-t-elle de répondre. Stephanie Rothman, réalisatrice, co-productrice et co-scénariste de cette œuvrette divertissante, est une ancienne disciple de Roger Corman, et même si sa mise en scène n’est pas exempte de maladresses, sa patte personnelle et ses amusantes touches de féminisme confèrent à L’Île du non-retour un style à part.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article