FRANKENSTEIN 1970 (1958)

Boris Karloff incarne un savant fou balafré donnant naissance à un monstre atomique dans cette relecture futuriste du célèbre mythe…

FRANKENSTEIN 1979

 

1958 – USA

 

Réalisé par Howard K. Hoch

 

Avec Boris Karloff, Tom Duggan, Jana Lund, Donald Barry, Charlotte Austin, Irwin Berke, Rodolph Anders, John Dennis

 

THEMA FRANKENSTEIN

27 ans après le premier Frankenstein de la Universal, Boris Karloff revient fréquenter le mythe de Mary Shelley, cette fois-ci dans le rôle du baron, pour ce Frankenstein 70 qui ravira les amateurs de cinéma bis et dont la mise en chantier fut principalement motivée par le succès l’année précédente de Frankenstein s’est échappé et I Was a Teenage Frankenstein. Jadis torturé par les nazis, ce nouveau descendant de l’audacieux Victor a le visage à moitié défiguré par une hideuse balafre. La gestion du patrimoine familial ne mettant guère de beurre dans ses épinards, il loue le château familial à une équipe de télévision désirant y tourner un film d’épouvante. Le seul but du baron est en réalité d’acquérir un réacteur atomique pour ramener à la vie à la créature de son trisaïeul, qu’il cache dans son laboratoire ultra-moderne. Signe des temps, les arcs électriques et les poulies ont fait place aux machines électroniques et aux bandes magnétiques. D’où le titre futuriste de cet énième Frankenstein (pour un spectateur des années 50, évidemment). A vrai dire, Frankenstein 1970 faillit d’abord s’appeler plus modestement Frankenstein 1960, mais on opta en fin de compte pour un saut dans le temps plus conséquent. Au diable la demi-mesure !

Au début du film, la créature est en bien piteux état, car son visage n’est qu’une tête de mort et son corps en manque d’organes vitaux. Le vieux baron n’hésite donc pas à éliminer Shuter (Norbert Schillert), son serviteur, pour lui « emprunter » son cerveau, son cœur et ses yeux. Hélas, les globes oculaires sont rendus inutilisables suite à une maladresse. Il faut donc en puiser de nouveaux parmi les membres de l’équipe de tournage. Le monstre se met alors à déambuler dans le château, le corps recouvert de bandelettes et la tête coiffée d’un étrange cylindre en forme de poubelle ! Judy (Charlotte Austin), la scripte de l’équipe, est assassinée, tout comme le caméraman, et c’est finalement Gottfried (Rudolph Anders), le vieil ami trop curieux de Frankenstein, qui donnera ses yeux à la créature. Ces diverses disparitions ne sont pas prises au sérieux par la police, qui soupçonne une manœuvre publicitaire. Mais les hurlements paniqués de Carolyn Hayes (Jana Lund), la jeune et jolie actrice de l’équipe, finissent par tourmenter le monstre qui, schéma classique, se retourne contre son créateur, l’incendie traditionnel étant ici remplacé par les radiations atomiques.

La boucle se boucle

Quelques idées visuelles intéressantes ponctuent le film, comme la créature guettant Carolyn dans l’ombre de la crypte, ou les yeux de Gottfried apparaissant d’abord écarquillés en gros plans, puis insérés à la place des orbites vides du monstre suite à une audacieuse ellipse. Mais l’ensemble du film se traîne en longueur sans véritable sens du rythme, d’autant que les personnages ne sont que des coquilles vides auxquelles il est bien malaisé de s’identifier. Il faut dire que le scénario pourtant co-signé par les vétérans Richard Landau (Le Monstre) et George Worthing Yates (Des monstres attaquent la ville) ne fait pas dans la dentelle, se démarquant à peine des élucubrations d’un Ed Wood moyen (on pense notamment à La Fiancée du monstre avec Bela Lugosi). Reste ce dénouement surprenant, où nous découvrons que sous ses bandelettes, le monstre a le visage de Boris Karloff. La boucle est ainsi bouclée.

 

© Gilles Penso


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