HITCHER 2 : RETOUR EN ENFER (2003)

Dix-sept ans après l’excellent thriller horrifique de Robert Harmon, cette séquelle à petit budget tente de prolonger le cauchemar sur route…

THE HITCHER II : I’VE BEEN WAITING

 

2003 – USA

 

Réalisé par Louis Morneau

 

Avec C. Thomas Howell, Kari Wuhrer, Jake Busey, Shaun Johnston, Marty Antonini, Darcy Dunlop, Duncan Fraser, Mackenzie Gray, Stephen Hair, Terry King

 

THEMA TUEURS

Une séquelle d’Hitcher était en soi une idée étrange, étant donné que le climax de l’excellent thriller horrifique de Robert Harmon fermait toutes les portes envisageables. Mais le producteur Charles Meeker, capable du meilleur (Aux frontières de l’aube) comme du pire (Golden Child), en décida autrement et s’attela lui-même à l’écriture d’un second chapitre, s’efforçant tant bien que mal de trouver un prétexte scénaristique susceptible de reproduire les situations du premier film. Comme on pouvait le craindre, son script – co-rédigé avec Molly Meeker et Leslie Scharf – est tiré par les cheveux et ne recule devant aucune invraisemblance. L’ambition de cette séquelle est d’ailleurs très réduite, puisqu’elle se limite au marché vidéo. Il y avait pourtant dans Hitcher 2 deux éléments susceptibles d’attirer quelque peu l’attention des spectateurs : la présence de C. Thomas Howell et de Louis Morneau. Le premier, ancien jeune premier prometteur (E.T. l’extra-terrestre, Outsiders, L’Aube rouge, Soul Man) reprend le rôle qu’il tenait dans le premier Hitcher. Le second, excellent réalisateur de séries B originales et nerveuses (Rétroaction, Fausse donne, La Nuit des chauves-souris), a toujours su dynamiser des œuvrettes souvent entravées par leurs budgets anémiques.

 

Nous retrouvons donc Jim Halsey dix-sept ans après les événements traumatisants qui le frappèrent dans Hitcher. L’infortuné automobiliste est devenu policier de l’Iowa, mais sa funeste rencontre avec l’auto-stoppeur psychopathe incarné par Rutger Hauer continue de le hanter. Lorsqu’il tire sur un homme qu’il croit armé, ses supérieurs sont contraints de le suspendre. Poussé par sa petite amie Maggie (Kari Wuhrer), pilote d’avion, il décide de revenir sur les lieux du drame dans l’espoir d’exorciser ses démons. Les voilà donc partis pour le Texas, avec pour objectif d’aller rendre visite à leur ami le capitaine Esteridge (Stephen Hair). Bien sûr, Jim redevient très nerveux lorsqu’ils prennent la route, croyant voir des dangers partout. Mais ses inquiétudes ne vont pas tarder à prendre corps. Un motard accidenté qu’ils acceptent de dépanner (Jake Busey) s’avère en effet être un dangereux tueur fou prêt à tout pour transformer leur vie en enfer…

On the road again…

Le faux-départ par lequel commence Hitcher 2 est habile et prometteur. Mais bien vite, le scénario fixe ses propres limites et révèle surtout son incohérence majeure. En effet, quelle était la probabilité, pour ce pauvre Jim Halsey, de retomber sur un auto-stoppeur psychopathe sur la route texane ? D’autant que cet émule du tueur précédent – qui ne présente pourtant aucun lien avec lui – est affublé du même look, du même manteau, de la même coupe de cheveux et du même comportement. Laissé visiblement en roue libre, Jake Busey en fait des tonnes, cherchant à singer sans subtilité la performance inoubliable de Rutger Hauer dans le premier film. C. Thomas Howell lui-même (hélas tombé bien bas dans sa carrière en enchaînant les séries Z anecdotiques et oubliables) livre une prestation caricaturale, les réactions de son personnage redoublant d’excès et d’incohérence. Honnêtement, on espérait que Louis Morneau sache tirer quelque chose d’intéressant de cette suite sans prétention. Certes, ses mouvements de caméra amples dotent la moindre séquence d’action ou de suspense d’un dynamisme indéniable. Personne ne semble mieux que lui savoir capter la photogénie du désert américain. Mais c’est bien sûr insuffisant pour qu’Hitcher 2 puisse entrer dans les mémoires.

 

© Gilles Penso


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