CHRISTMAS BLOODY CHRISTMAS (2022)

Le Père Noël animatronique d’un magasin de jouets se dérègle et massacre tous ceux qu’il trouve sur son chemin…

CHRISTMAS BLOODY CHRISTMAS

 

2022 – USA

 

Réalisé par Joe Begos

 

Avec Riley Dandy, Sam Delich, Jonah Ray, Dora Madison, Jeff Daniel Philips, Abraham Benrubi, Jeremy Gardner, Graham Skipper, Kansas Bowling

 

THEMA ROBOTS

Réalisateur des thrillers de science-fiction Almost Human et The Mind’s Eye, du film d’épouvante Bliss et du polar horrifique VFW, Joe Begos ambitionne dans la foulée de mettre en scène un remake de Douce nuit sanglante nuit, le fameux slasher de 1984 dans lequel se déchaînait un père Noël psychopathe armé d’une hache. Pour varier les plaisirs (un remake a déjà été produit en 2012), Begos imagine que son tueur n’est pas un simple désaxé mais un robot indestructible qui se dérègle. Plus il le développe, plus le projet s’éloigne du film original, et l’idée de remake est finalement abandonnée. Begos ne lâche pourtant pas l’affaire et décide de mettre sur pied un film d’horreur autonome dont il écrit le scénario pendant la pandémie du Covid-19. Ainsi naît Christmas Bloody Christmas, mixage pour le moins surprenant entre Douce nuit sanglante nuit et Terminator, pour lequel le réalisateur tient à utiliser des effets spéciaux à l’ancienne. Son androïde assassin sera donc incarné par un comédien (Abraham Benrubi, vétéran de la série Urgences), d’astucieux effets animatroniques prendront le relais pour montrer les mécanismes du monstre et de véritables cascades et effets pyrotechniques (pour le moins ambitieux, si l’on tient compte du modeste budget du film) jailliront régulièrement à l’écran.

Le ton du film s’annonce d’emblée impertinent, dynamique et très rock’n roll. Saturée de dialogues échangés à un rythme effréné (dans lesquels le mot « fuck » surgit toutes les dix secondes), l’ouverture nous familiarise avec deux des personnages principaux du récit : Tori (Riley Dandy), propriétaire d’un magasin de disques, et Robbie (Sam Delich), son employé. Alors qu’ils ferment boutique le soir de Noël, tous deux décident d’aller boire un dernier verre avant de se séparer. A deux pas, dans une boutique de jouets tenue par un jeune couple (Jonah Ray et Dora Madison), se trouve l’un des animatroniques dernier cri de la marque RoboSanta + : une machine humanoïde en forme de Père Noël dotée d’une intelligence artificielle. Or un flash d’informations nous a appris en tout début de métrage que les robots de cette génération ont été rappelés en raison d’un certain nombre de dysfonctionnements liés à leur technologie première issue du département de la Défense du gouvernement américain. Ce qui devait arriver arrive : l’androïde se réveille, s’arme d’une hache et se lance dans un massacre que rien ne semble pouvoir arrêter…

Santarminator

La liberté de ton du film, ses répliques qui fusent et sa patine extrêmement soignée emportent assez rapidement l’adhésion. L’abattage naturel et la justesse des deux acteurs principaux aident beaucoup à les crédibiliser et permettent d’accepter ces innombrables références pop émaillant leurs répliques (Black Christmas, Simetierre 2, La Fin de Freddy, Hellraiser 2, Chucky 2, Alien Covenant, Blair Witch 2 et le hard rock des années 80/90) qui, dans un autre contexte, auraient pu sembler artificielles et inutilement post-modernes. Parallèlement, Joe Begos filme les exactions de son « Robot Santa » sanguinaire avec une brutalité et une violence déconcertantes, comme si les univers de Quentin Tarantino et Rob Zombie fusionnaient pour donner naissance à un film contre-nature rétif à toutes les étiquettes. Le concept premier (un Père Noël robot tueur, tout de même !) aurait logiquement dû générer une parodie ou tout du moins une série B ne se prenant pas du tout au sérieux. Or si Christmas Boloody Christmas ne manque pas d’humour, les méfaits de son monstre animatronique sont traités au premier degré et sans la moindre concession. Quand elle n’est pas surchargée de morceaux de hard rock, la bande son électronique se laisse volontiers inspirer par les musiques de John Carpenter. Le dernier acte cligne d’ailleurs de l’œil vers Assaut et Halloween, même si la référence majeure du film reste Terminator, comme en témoigne ce climax mouvementé et cauchemardesque.

 

© Gilles Penso


Partagez cet article