CANNIBAL WOMEN (1989)

Une scientifique féministe est envoyée dans la jungle par le gouvernement américain pour tenter de raisonner une tribu de femmes cannibales…

CANNIBAL WOMEN IN THE AVOCADO JUNGLE OF DEATH

 

1989 – USA

 

Réalisé par J.F. Lawton

 

Avec Shannon Tweed, Bill Maher, Karen Mistal, Adrienne Barbeau, Brett Stimely, Barry Primus, James MacKrell, Paul Ross, Vicky Varner

 

THEMA CANNIBALES I EXOTISME FANTASTIQUE I SAGA CHARLES BAND

Après la chute de son ambitieuse compagnie Empire, le producteur Charles Band entend bien se ressaisir. L’une de ses premières décisions est de s’associer avec la division vidéo de Paramount pour bénéficier de leur large réseau de distribution et de marketing. Charge à lui de proposer des concepts alléchants susceptibles d’alimenter le marché alors florissant des séries B « direct-to-video ». L’un des premiers titres qu’il propose est autant invraisemblable que prometteur : Cannibal Women in the Avocado Jungle of Death (autrement dit « Les Femmes cannibales dans la jungle mortelle des avocats ») ! Conçu autant comme un film d’aventure burlesque que comme une comédie satirique se jouant des clichés féministes et machistes, Cannibal Women est écrit et réalisé par le talentueux J.F. Lawton (sous le pseudonyme de J.D. Athens). Sa plume habile permet d’élever le niveau du film au-delà de ce que son titre improbable laisse imaginer et se permet même de revisiter sous un angle parodique le classique « Au cœur des ténèbres » de Joseph Conrad. En tête d’affiche, Cannibal Women s’offre l’ex-mannequin Shannon Tweed (héroïne récurrente des soap operas Falcon Crest et Des jours et des vies) et l’humoriste Bill Maher (futur animateur des shows Politically Incorrect et Real Time with Bill Maher), avec en guest-star Adrienne Barbeau, ex-égérie de John Carpenter (Meurtre au 43ème étage, Fog, New York 1997).

Lorsque le film commence, nous apprenons que le gouvernement américain s’inquiète du manque d’approvisionnement en avocats du pays après plusieurs confrontations avec une tribu primitive de femmes cannibales, les « Piranha Women », qui sévit dans une jungle à l’ouest de San Bernardino. « A la manière des araignées veuves noires, elles s’accouplent avec les hommes puis les tuent », nous apprend le dialogue. « Ensuite elles les découpent en lanières, comme du bœuf séché, et les mangent avec du guacamole. » Les autorités ayant tout tenté, y compris une intervention militaire ratée s’étant terminée en festin pour les femmes cannibales, elles font appel à Margo Hunt (Shannon Tweed), professeur d’études féministes dans le Spritzer College. Sa mission : se rendre dans la jungle et prendre contact avec les Piranha Women pour tenter de les convaincre de déménager dans une réserve à Malibu. Elle est accompagnée dans cette expédition par Bunny (Karen Mistal), une jeune étudiante écervelée, et Jim (Bill Maher), une sorte d’Indiana Jones du pauvre qui s’improvise guide…

Les aventuriers de l’avocat perdu

Cette aventure exotique absurde est un prétexte permanent pour renvoyer dos à dos les exubérances ultra-féministes et les comportements stupidement machistes. Face à une horde de piliers de bar en rut, Margo exhibe ainsi un énorme pistolet en déclarant : « je ne suis pas une poulette, je suis une ethno-historienne avec un doctorat en anthropologie culturelle. » Lorsque nos héros font face dans la jungle à une tribu d’hommes soumis qui tricotent, cuisinent et vivent en paix dans des tentes ornées de statues de flamants roses, Jim s’exclame avec dépit : « Ils n’ont pas de modèles comme John Wayne ou Stallone. » Pour les muer en hommes virils, il leur fait découvrir la bière. Lorsque les cannettes volent au ralenti, une variante de « Also Spracht Zarathustra » cligne alors de l’œil vers 2001. Tout le film est à l’avenant, jusqu’à l’inévitable confrontation avec les Piranha Women, menées par une ancienne féministe star de talk-shows et auteur du livre « Femmes intelligentes, Hommes stupides et insensibles ». C’est Adrienne Barbeau qui tient ce rôle de matriarche opportuniste, l’actrice étant obligée de déclamer ses 17 pages de dialogues en un temps record dans la mesure où la production ne peut lui payer qu’une seule journée de tournage ! Cannibal Women aura servi de galop d’essai à J.F. Lawton, qui connaîtra la gloire l’année suivante en écrivant le scénario de Pretty Woman.

 

© Gilles Penso


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