65 : LA TERRE D’AVANT (2023)

Adam Driver qui affronte des dinosaures ? Sur le papier, l’idée était prometteuse. À l’écran, c’est une autre histoire…

65

 

2023 – USA

 

Réalisé par Scott Beck et Bryan Woods

 

Avec Adam Driver, Arianna Greenblatt, Chloe Coleman, Nika King et la voix de Brian Dare

 

THEMA DINOSAURES

Découvert par toute une frange du public grâce à son interprétation de Kylo Renn dans la saga Star Wars, Adam Driver est un acteur aux facettes multiples qu’on a pu voir aussi bien chez Martin Scorsese que Terry Gilliam, Ridley Scott, Leos Carrax, Clint Eastwood, Jim Jarmusch, Steven Spielberg ou Spike Lee. S’appuyant sur son profil atypique et son passé dans les marines, le duo d’auteurs et réalisateurs Scott Beck et Bryan Woods lui offre le rôle principal de 65. Signataires de deux films d’horreur (Nightlight en 2015 et Haunt en 2019), Beck et Woods se sont surtout distingués en écrivant le scénario de Sans un bruit et sa suite. Sur la foi du script de 65, Columbia Pictures leur alloue un budget de 45 millions de dollars. Pendant le prégénérique (long de 17 minutes !), nous découvrons la planète Somaris, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à la nôtre et dont les habitants, qui ont des allures d’humains comme vous et moi, parlent en anglais (il faut déjà accepter ce parti pris si l’on veut avoir une chance d’entrer dans l’histoire). Le pilote Mills (Driver) accepte une mission spatiale de deux ans qui lui permettra d’engranger suffisamment d’argent pour soigner sa fille malade (Chloe Coleman). Son épouse Alya (Nika King) accepte donc à contrecœur de le voir traverser le cosmos pour transporter des passagers à l’autre bout de l’univers.

En plein vol, le vaisseau Zoïc heurte une ceinture d’astéroïdes et se crashe sur une planète inconnue. Paniqué, Mills découvre qu’il est apparemment le seul survivant du voyage, alors que le système d’alerte émet un bruit lancinant que les fantasticophiles connaissent bien : celui des machines martiennes de La Guerre des mondes (version 1953). L’atmosphère de la jungle dans laquelle il s’est échoué est respirable, mais les lieux regorgent de danger. Il s’est en effet échoué sur notre Terre, il y a 65 millions d’années, à l’époque où les dinosaures dominaient le monde. Or une fillette (Ariana Greenblatt) a également survécu à l’accident. Leur seul moyen de s’échapper est d’atteindre la capsule de sauvetage qui repose au sommet d’une montagne. Pour y parvenir, ils vont devoir braver la faune monstrueuse qui régit ces lieux sauvages et qui se pourlèche déjà les babines à l’idée de se les mettre sous la dent…

Le dîner des dinos

A peu de choses près, le concept de 65 est le même que celui de La Planète des dinosaures, une sympathique série B des années 70 qui ne brillait ni par son scénario ni par son jeu d’acteurs mais nous offrait de magnifiques sauriens préhistoriques en stop-motion. La seule véritable différence, à l’exception de la provenance extra-terrestre des protagonistes, réside dans la nature de leur relation : un adulte et une enfant, substitut évident de la propre fille du héros (comme la Newt d’Aliens). La mécanique du film s’appuie en grande partie sur leurs échanges, avec ce qu’il faut de saynètes comiques et de passages émouvants pour que la mayonnaise essaie de prendre. Le concept était attrayant, mais le film ne tient absolument pas ses promesses. Nous qui attendions un film d’action primaire mais jouissif gorgé d’affrontements entre Adam Driver et une faune préhistorique déchaînée, nous restons sur notre faim. Les monstres préhistoriques pointent bien sûr le bout de leur museau de temps en temps, mais leur design laisse à désirer (le trait est forcé sans subtilité, les morphologies sont souvent fantaisistes) et leurs interventions s’avèrent somme toute assez limitées. Le climax rattrape un peu cette frustration, mais c’est insuffisant pour justifier l’existence même de ce long-métrage qui a toutes les caractéristiques d’une fausse bonne idée. À tout prendre, autant revoir La Planète des dinosaures qui, lui, ne nous trompait pas sur la marchandise.

 

© Gilles Penso


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