GUNGALA, LA VIERGE DE LA JUNGLE (1967)

Une expédition scientifique s’enfonce dans la forêt africaine où vit une sauvageonne élevée par les bêtes…

GUNGALA LA VERGINE DELLA GUNGLA

 

1967 – ITALIE

 

Réalisé par Romano Ferrara

 

Avec Kitty Swan, Linda Veras, Poldo Bendandi, Conrad Loth, Archie Savage, Alfred Thomas, Antonietta Fiorito, Bobby Rhodes, Valentino Macchi

 

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE

Romano Ferrara, réalisateur de l’inénarrable Monstre aux yeux verts avec Michel Lemoine, nous emmène cette fois-ci dans une aventure exotique délirante qui décline le mythe de Tarzan sous un angle féminin (à la manière de la fameuse Sheena des comic books). Pour brouiller les pistes, Ferrara signe le film sous le pseudonyme américanisé de Mike Williams. Aux frontières de l’Ouganda et du Kenya, deux explorateurs sans scrupules, Wolf (Poldo Bendandi) et Dany (Bobby Rhodes), pillent Bokani, l’idole de la tribu des Bakenda, en s’emparant de son œil gauche, autrement dit un diamant précieux. Mais l’aventure tourne mal. Dany tente en effet de tuer Wolf et disparaît lui-même dans la jungle. Une nouvelle expédition est montée plusieurs années plus tard, menée par Wolf. Ce dernier est bientôt rejoint par Chandler (Conrad Loth), un scientifique qui s’intéresse à la radioactivité des lieux, et sa jolie fiancée Fleur (Linda Veras), adepte du fusil de chasse. Or le joyau est désormais porté comme un médaillon par une sauvageonne baptisée Gungala. Cette dernière, incarnée par la sculpturale actrice danoise Kitty Swan, se promène nue dans la forêt, pousse des cris d’animal apeuré et vit avec des panthères.

Comme on pouvait s’y attendre, les origines de Gungala sont proches de celles de Tarzan. Alors qu’elle était presque bébé, l’avion qui la transportait avec ses parents s’est écrasé dans la jungle africaine, la laissant orpheline. Elle a donc grandi seule au milieu des bêtes. Ce qui est étonnant, c’est que malgré son statut de créature sauvage ayant évolué bien loin de la civilisation, elle porte de très jolis faux-cils et un maquillage soigné. Mais après tout, Raquel Welch nous avait déjà habitués à de tels effets de style l’année précédente avec Un million d’années avant JC. Belle et bronzée comme si elle s’était échappée du papier glacé d’un magazine de charme vintage, Gungala est le seul véritable attrait du film, même si la fiancée de l’explorateur campée par Linda Veras ne rechigne pas non plus à exhiber sa nudité pour attirer aussi les regards vers elle. Les hommes, de leur côté, se révèlent particulièrement inintéressants. Le fiancé, par exemple, est spectaculairement insipide. Quant au chef de l’expédition, c’est une brute antipathique qui passe tout le film à suer à grosses gouttes !

La belle et les bêtes

La tribu africaine de mise en pareil contexte – réduite à une quinzaine de figurants maquillés pour respecter le budget ridicule du film – obéit quant à elle à tous les clichés coloniaux du genre. Ce sont donc des gens peureux, sauvages, primitifs et stupides. On le voit, les choses n’ont guère évolué depuis les Tarzan des années trente. L’intrigue elle-même se résume à une chasse au trésor banale et répétitive. Gungala, la vierge de la jungle provoquerait donc un ennui durable s’il n’était égayé par la présence lumineuse de son héroïne. La scène la plus étonnante – et la plus charmante – du film est sans doute celle où la belle découvre pour la première fois une femme qui lui ressemble. Elle l’observe attentivement, non sans une certaine curiosité, puis se réfugie dans son petit coin de paradis, en compagnie de son singe fidèle et de ses panthères. Là, elle étudie son propre corps, prétexte à une saynète gentiment érotique. Gungala passe donc en revue sa poitrine et ses jambes, puis décide de s’habiller comme l’exploratrice, arborant dès lors une sorte de peau de bête ne masquant que partiellement sa parfaite anatomie. Et ce sera désormais sa tenue de sauvageonne. Le film parvint à réunir suffisamment de spectateurs pour motiver la mise en chantier d’une suite dès l’année suivante : Gungala, la panthère nue.

 

© Gilles Penso


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