NANNY McPHEE (2005)

Emma Thompson entre dans la peau revêche d’une mystérieuse garde d’enfants qui a tous les attributs d’une sorcière…

NANNY McPHEE

 

2005 – GB / USA / FRANCE

 

Réalisé par Kirk Jones

 

Avec Emma Thompson, Colin Firth, Kelly Macdonald, Thomas Sangster, Eliza Bennett, Jennifer Rae Daykin, Raphael Coleman

 

THEMA CONTES

Il aura fallu neuf ans à la comédienne Emma Thompson et à la productrice Lindsay Doran pour récupérer les droits des trois romans « Chère Mathilda », « Chère Mathilda s’en va-t-en ville » et « Chère Mathilda aux bains de mer », signés Christianna Brand, et pour les synthétiser en un scénario susceptible de donner naissance à un long-métrage digne de ce nom. S’il semble surfer sur la vogue Harry Potter, Nanny McPhee est donc en réalité la concrétisation d’un rêve de longue date fomenté par deux fructueuses collaboratrices (Thompson et Doran œuvraient déjà ensemble sur Dead Again et Raisons et sentiments). Confié à Kirk Jones, réalisateur de spots publicitaires qui se fit remarquer avec son premier long-métrage Vieilles canailles en 1998, Nanny McPhee met en vedette Colin Firth dans le rôle de Cedric Brown, un veuf chargé de veiller sur ses sept enfants. Garnements impénitents, les charmants bambins ont déjà fait fuir dix-sept nounous et leur père, débordé, ne sait plus à qui les confier. Jusqu’à ce qu’une voix mystérieuse ne l’incite à engager Nanny McPhee, une femme revêche, autoritaire et franchement hideuse, à qui Emma Thompson donne corps sous un maquillage pas vraiment subtil de Peter King.

Peu à peu, il s’avère que cette garde d’enfants pas comme les autres est dotée de pouvoirs magiques. S’agit-il d’une sorcière, comme semble l’indiquer son apparence et ses manières acariâtres, ou plutôt d’une fée se camouflant sous une défroque de Carabosse (sa laideur s’effaçant au fur et à mesure que l’intrigue avance) ? Tandis que les enfants Brown tentent de lui en faire voir de toutes les couleurs, leur père doit se plier à un ultimatum inattendu : s’il ne veut pas que l’affreuse tante Adélaïde (Angela Lansbury, hilarante) ne le sépare de sa progéniture, il doit trouver une épouse dans les plus brefs délais… Certes, le rythme est enlevé, les comédiens attachants et les séquences d’effets spéciaux plutôt réussies (le cheval qui parle, les différentes bestioles que les enfants utilisent pour faire fuir leurs belles-mères potentielles). Mais Nanny McPhee exhale un sérieux parfum de déjà-vu qui nuit considérablement à son charme.

L’anti-Mary Poppins ?

De prime abord, on pourrait croire avoir affaire à un anti Mary Poppins, dans la mesure où le personnage éponyme est laid, méchant et antipathique, donc tout le contraire d’une Julie Andrews chantant sous son parapluie. Mais en réalité, le message est exactement le même (en gros, « soyez sages les enfants, et écoutez bien vos parents »), et le happy end de Nanny McPhee s’avère même dix fois plus moralisateur que chez Walt Disney. « De toutes mes musiques de films, Nanny McPhee fut probablement la plus difficile à écrire », nous raconte le compositeur Patrick Doyle. « D’abord parce que la bande originale d’une comédie est un exercice très difficile, ensuite parce que ce film comporte énormément de musique, et enfin parce que je n’ai eu que deux semaines et demie pour tout composer. Sans compter les incessants changements d’avis des responsables de la production. J’étais sous tension permanente. La qualité de ma musique en a sans doute souffert. » (1) A vrai dire, ce travers semble s’étendre au film tout entier. Dommage, l’initiative était plutôt sympathique.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en janvier 2007

 

© Gilles Penso


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