VARAN, LE MONSTRE GÉANT (1958)

Le réalisateur de Godzilla lâche dans la nature un nouveau monstre géant fantaisiste venu de la nuit des temps…

DAIKAIJU BARAN

 

1958 – JAPON

 

Réalisé par Inoshiro Honda

 

Avec Kozo Nomura, Ayumi Sonoda, Tsuruko Kobayashi, Fuyuki Murakami, Derick Shimatsu, Fumito Matsuo, Koreya Senda

 

THEMA DINOSAURES

Après un Rodan mémorable aux couleurs éclatantes, Inoshiro Honda revient au noir et blanc avec Varan, lequel reprend sans trop de nouveauté le schéma classique de Godzilla, En effet, il est à nouveau question d’un saurien géant soudain réveillé de son sommeil antédiluvien pour s’attaquer aux humains terrorisés. Tout commence lorsque le professeur Sugimoto s’étonne de la découverte d’un groupe d’écoliers dans la région montagneuse de Honsyu surnommée « le Tibet Japonais » : des papillons sibériens extrêmement rares. L’éminent scientifique missionne sur place deux de ses chercheurs. Se heurtant à des villageois guère loquaces vénérant le dieu Baradagi, ces derniers sont tués par un monstre mystérieux dont le spectateur n’entend dans un premier temps que l’étrange rugissement. La sœur de l’une des victimes, journaliste, et deux chercheurs – obéissant au cliché antithétique du trouillard rondouillard et du beau gosse courageux – décident alors de mener l’enquête…

Avec sa forêt isolée, sa peuplade primitive et sa divinité monstrueuse, Varan évoque souvent King Kong. Le monstre lui-même surgit dans un magnifique décor de lac brumeux, mélange de maquettes et de peintures. Face à ce cousin de Godzilla au dos hérissé de longues épines, l’un des savants affirme qu’il s’agit d’un varan (on aurait pourtant plus volontiers opté à priori pour un écureuil volant géant mixé avec un hérisson !) et prophétise, en guise de bande-annonce : « imaginez les dégâts dans une grande ville ». L’un de ses confrères, quant à lui, ne recule devant aucune déclaration érudite farfelue, identifiant là « un varanoïde ayant survécu depuis l’ère Mésozoïque » ! L’armée jette dans le lac du monstre bon nombre d’armes chimiques puis le bombarde allègrement, mais le varan semble invincible, et déploie même des ailes membraneuses pour s’envoler hors de portée des canons.

Un écureuil volant géant mixé avec un hérisson

L’un des moments forts du film est une spectaculaire bataille navale réalisée avec de belles maquettes de navires et d’avions et une poignée de stock-shots de l’armée, le tout aux accents d’une de ces marches militaires enjouées dont le compositeur Akira Ifukube s’est fait une spécialité. Ce dernier, très inspiré, livre par ailleurs une BO d’une grande richesse, mêlant chœurs emphatiques, ostinatos au piano à la manière de Bernard Herrman sur Le Jour où la Terre s’arrêta, ou encore graves contrepoints aux cuivres à mi-chemin entre Max Steiner et Igor Stravinsky. Après un ultime affrontement nocturne avec l’armée, Varan disparaît dans la baie de Tokyo, emportant avec lui le secret de son existence. La version américaine du film, baptisée Varan the Unbelievable, fera subir quelques outrages au travail d’Inoshiro Honda, supprimant plus d’un quart d’heure du métrage original, éliminant la musique d’Ifikube, agençant les séquences dans un ordre différent et ajoutant des séquences avec le comédien Myron Healy dans le rôle d’un scientifique occidental. Varan, quant à lui, n’aura pas la carrière de son aîné Godzilla, se contentant d’une furtive réapparition à la fin des Envahisseurs attaquent dix ans plus tard.

 

© Gilles Penso


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