UN AMOUR DE COCCINELLE (1968)

Les premières aventures de Herbie, une voiture autonome, intelligente et capricieuse qui n’en fait qu’à sa tête…

THE LOVE BUG

 

1968 – USA

 

Réalisé par Robert Stevenson

 

Avec Dean Jones, Michele Lee, David Tomlinson, Buddy Hackett, Joe Flynn, Benson Fong, Andy Granatelli, Joe E. Ross

 

THEMA OBJETS VIVANTS I SAGA LA COCCINELLE

Le succès d’Un amour de Coccinelle est à mettre au crédit de Bill Walsh, l’une des forces créatrices majeures du studio Disney depuis le milieu des années 50. Scénariste et producteur de Monte là-dessus, Mary Poppins, L’Espion aux pattes de velours et Le Fantôme de Barbe Noire, il a largement contribué à la popularité des films « live » de la maison de Mickey. A la fin des sixties, il s’empare du livre « Car, Boy, Girl » de Gordon Buford et en tire un scénario prometteur, qu’il co-écrit avec Don DaGradi. Le personnage principal de ce futur film étant sa voiture – éclipsant tous les humains qui lui « donneront la réplique » -, il est crucial de trouver le bon modèle. Disney lance alors un appel d’offres auprès d’une dizaine de fabricants automobiles. Bientôt, le parking de la compagnie est empli de voitures postulant pour tenir la vedette du long-métrage. C’est sans hésitation vers la Coccinelle blanche de chez Vokswagen que tous les regards se tournent. Dans l’air du temps, la petite voiture aux formes rondes dégage un capital sympathie qui en fait immédiatement la favorite. Le scénario trouve alors son titre définitif : The Love Bug, autrement dit Un amour de Coccinelle. C’est au vétéran Robert Stevenson qu’est confiée la réalisation d’un film qui va nécessiter le savoir-faire de nombreux cascadeurs et experts en effets spéciaux. Les trucages mécaniques sont coordonnés par Howard Jensen (L’Inévitable catastrophe), Danny Lee (Un monde fou fou fou) et Robert A. Mattey (20 000 lieues sous les mers), tandis que Bob Harris et Carey Loftin (Bonnie and Clyde, Bullitt) gèrent les cascades.

La tôle se froisse allègrement pendant le générique de début d’Un amour de Coccinelle, sur une musique enjouée de George Bruns. C’est dans un état lamentable que le pilote casse-cou Jim Douglas (Dean Jones) achève sa dernière course. Son manager lui conseille d’arrêter les frais, de laisser la place aux jeunes, mais Jim ne l’entend pas de cette oreille. En entrant chez un concessionnaire de voitures de sport, il s’intéresse particulièrement à la jeune vendeuse Carol (Michele Lee) et à une petite Coccinelle blanche qui va le suivre jusque dans la maison qu’il habite avec son ami mécanicien Tennessee (Buddy Hackett). Jim est alors accusé de vol, et c’est pour tout arranger qu’il doit acheter la voiture. Celle-ci s’avère extraordinaire, car il n’arrive pas à la conduire : elle va où elle veut, quand elle veut. Il parvient pourtant à s’habituer à ses « caprices » et décide de participer à la course de Jackrabbit Springs en l’étiquetant du numéro 53. Jim gagne, et la Coccinelle lui fera bientôt connaître tous les triomphes. Cela ne manque pas d’aiguiser la jalousie du vil Thorndyke (David Tomlinson) qui va tout mettre en œuvre pour saboter la Coccinelle…

Mettez une coccinelle dans votre moteur

Faire tourner un film entier autour d’une petite voiture animée d’une vie propre et d’une forte personnalité était une drôle d’idée, et l’on doit honnêtement reconnaître qu’Un amour de Coccinelle a franchi avec difficulté le cap des années. Son humour y est daté, ses personnages caricaturaux, ses péripéties tirées par les cheveux… C’est dans les seconds rôles que réside la saveur principale du film. David Tomlinson excelle ainsi dans le rôle d’un chef d’entreprise snob et pédant (« Je ne vendrais jamais une voiture à quelqu’un avec qui je ne suis pas compatible sur le plan social »), tout comme Buddy Hackett dans son numéro habituel de sidekick comique. Pour tenter d’expliquer le phénomène de cette voiture vivante, son personnage avance d’ailleurs une théorie qui annonce étrangement le Maximum Overdrive de Stephen King et même le Cars de John Lasseter. « Nous autres, êtres humains, on aurait pu faire quelque chose de ce monde. On a tout gâché. Ce sera au tour d’une autre civilisation. » Il anticipe même sur les véhicules autonomes qui ne sont alors que des spéculations de science-fiction : « On bourre les machines d’informations et elles deviennent plus intelligentes que nous. » Tennessee est donc le personnage qui a les meilleures répliques, malgré son air souvent ahuri. C’est d’ailleurs lui qui baptise la Coccinelle Herbie, en hommage à son oncle (la version française préfèrera « Choupette »). Quelques séquences visuellement audacieuses sortent du lot, comme la tentative de « suicide » d’Herbie du haut du Golden Gate Bridge ou le détournement cartoonesque d’une des courses automobiles dans une mine. Très apprécié du public malgré un accueil critique glacial, Un amour de Coccinelle motivera la mise en chantier de plusieurs suites et de quelques imitations.

 

© Gilles Penso


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