L’UNIQUE (1986)

Que se passerait-il si une maison de disques était capable de créer des doubles holographiques de ses chanteurs pour faire plus de profit ?

L’UNIQUE

 

1986 – FRANCE

 

Réalisé par Jérôme Diamant-Berger

 

Avec Julia Migenes, Sami Frey, Charles Denner, Tchéky Karyo, Jezabel Carpi, Thierry Rode, Fabienne Babe, Eric Baudry

 

THEMA CINÉMA ET TÉLÉVISION I MONDES VIRTUELS ET PARALLÈLES

Le scénario de L’Unique développe une idée particulièrement intéressante qui se révélait avant-gardiste au milieu des années 1980 : la possibilité de recréer le double holographique d’une chanteuse pour remplacer l’artiste originale. Nous ne sommes pas loin des thématiques développées dans Looker de Michael Crichton et Simone d’Andrew Niccol. Anticipant même sur les dérives de l’intelligence artificielle, l’histoire co-écrite par Olivier Assayas, Jérôme Diamant-Berger, Jean-Claude Carrière et Jacques Dorfmann envisage la possibilité de rendre cet hologramme intelligent en lui permettant d’apprendre et de raisonner. L’Unique est le premier long-métrage de Jérôme Diamant-Berger, signataire jusqu’alors de courts-métrages documentaires. À cette occasion, il fait concevoir des images de synthèse – encore très rares au cinéma, surtout en France – par la société Sogitec, filiale du groupe Dassault. La supervision de ces effets visuels est confiée à Christian Guillon, qui deviendra l’un des plus grands spécialistes français du genre (son nom est au générique de Jean de Florette, Les 1001 nuits, Microcosmos, La Machine, Un amour de sorcière, Les Rivières pourpres, Le Boulet, Astérix aux jeux olympiques et de dizaines d’autres ambitieuses productions hexagonales).

L’Unique s’intéresse d’abord à Michel (Tcheky Karyo), un pirate informatique qui sévit auprès des maisons de disques à succès. Un jour, alors qu’il prépare un nouveau « mauvais coup », il découvre que son ancienne compagne, devenue une chanteuse célèbre (Julia Migenes), est en train de se faire cloner numériquement. Le savant Colewsky (Sami Frey) vient en effet de mettre au point un procédé innovant permettant de reproduire en trois dimensions l’image des êtres humains. Ces recherches top-secrètes, financées par le producteur Vox (Charles Denner), débouchent sur la création du double virtuel de la chanteuse. Suite aux caprices et à la dépression de la chanteuse réelle, Vox souhaite se passer de ses services et lui substituer son clone holographique pour ses apparitions sur scène ou sur les plateaux télévisés.

Star virtuelle

Toutes ces bonnes idées sont hélas réduites à néant par une mise en scène sans éclat et par une direction d’acteurs laxiste. De fait, les comédiens solides du film (Tchéky Karyo, Charles Denner, Sammy Frey) ne réussissent jamais à convaincre les spectateurs, d’autant qu’ils ont l’air très peu convaincus eux-mêmes. Les scènes d’action (poursuites, affrontements) sont expédiées maladroitement et à toute vitesse, alors qu’on nous inflige en intégralité plusieurs chansons de François Valery (pauvre de nous !) interprétées en studio ou en concert par Julia Miguenez. Un autre problème de taille provient des incohérences qui jalonnent le récit : le père et son fils qui piratent les installations informatiques high-tech de la maison de disques avec un ordinateur bricolé, les personnages qui pénètrent sans souci dans des endroits à priori très surveillés (la compagnie de production, la salle de concert), un hologramme luminescent censé ressembler comme deux gouttes d’eau à la vraie chanteuse, les revirements incompréhensibles de certains personnages… En ce qui concerne les effets spéciaux, il faut reconnaître de jolies trouvailles visuelles, même si les images de synthèse ont inévitablement pris un coup de vieux. Didier Grousset, premier assistant et réalisateur de seconde équipe sur L’Unique, signera plus tard Kamikaze, un autre thriller de SF bien plus concluant.

 

© Gilles Penso


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