LE CIRQUE DU DOCTEUR LAO (1964)

Le directeur d’un étrange cirque itinérant a le pouvoir de se transformer en diverses créatures fantastiques…

THE SEVEN FACES OF DOCTOR LAO

 

1964 – USA

 

Réalisé par George Pal

 

Avec Tony Randall, Barbara Eden, Arthur O’Connell, John Ericson, Noah Beery Jr, Minerva Urecal, Frank Kreig

 

THEMA CONTES

Fidèle à ses goûts artistiques, le réalisateur/producteur George Pal (Les Aventures de Tom Pouce, La Machine à explorer le temps, Les Amours enchantées) raconte ici une joyeuse histoire fantaisiste, adaptée du roman « The Circus of Dr Lao » de Charles G. Finney publié en 1935. Il est aidé dans sa tâche par une distribution fort judicieuse (même si Pal envisageait initialement Peter Sellers dans le rôle principal), une brillante partition musicale de Leigh Harline (Blanche-Neige et les sept nains, Pinocchio) et des effets spéciaux pleins de magie. L’oriental docteur Lao, accompagné de son cirque ambulant, veut rétablir la justice dans la petite ville d’Abalone où il débarque. A cet effet, il revêt les sept apparences qui justifient le titre du film : son aspect naturel, c’est-à-dire une espèce de paysan chinois excentrique ; un Merlin l’enchanteur vieillissant qui fera partager son goût de la magie au petit Mike (Kevin Tate) ; un Yéti au maquillage plutôt grotesque, très semblable aux Morlocks de La Machine à explorer le temps ; un Apollon aveugle qui prédit l’avenir ; un serpent parlant ; une méduse qui ressemble à La Gorgone de Terence Fisher ; et un dieu Pan qui éveille la sensualité de la jeune Angela (Barbara Eden).

La performance tient au fait que toutes ces facettes du docteur Lao – à l’exception du serpent, animé tour à tour mécaniquement ou image par image – sont interprétées par le même comédien, l’extraordinaire Tony Randall, par la grâce des maquillages de William Tuttle. La gorgone, notamment, est un beau morceau de bravoure, même si elle ne peut rivaliser avec celle que créera Ray Harryhausen seize ans plus tard dans Le Choc des Titans. On note que les serpents sur sa tête sont des marionnettes magnétiques créées par le vétéran des effets spéciaux Wah Chang. William Tuttle remportera pour son travail le tout premier Oscar décerné aux effets spéciaux de maquillage. Il sera suivi en 1968 par John Chambers pour La Planète des singes, avant que cette catégorie ne soit officialisée à partir de 1981 avec Rick Baker et Le Loup-garou de Londres. Pour l’anecdote, Tony Randell apparaît sans maquillage parmi les spectateurs du second spectacle que donne le docteur Lao dans le film.

Un talent monstre

Des monstres et merveilles du Cirque du docteur Lao, on retiendra également le gigantesque monstre du Loch Ness créé par Wah Chang et animé par Jim Danforth et Peter Kleinow, brouillon du plésiosaure qui attaquera le village préhistorique de Quand les dinosaures dominaient le Monde. « Globalement, c’est une assez belle séquence », reconnaît Danforth, « mais pour être franc elle est assez inutile dans le film. Le récit pouvait tout à fait se passer de ce monstre » (1). Peut-être, mais cette créature impressionnante nous offre un joli clou du spectacle. À la fin de ses bienfaits magiques, l’étrange docteur Lao s’en va vers d’autres contrées (sans doute un autre village où règne l’injustice), laissant se clore sur une note très morale un conte finalement plein de charmes. Même si Le Cirque du docteur Lao est aujourd’hui considéré comme un classique du cinéma fantastique, l’accueil qu’il reçut lors de sa sortie en salles fut très mitigé, au point que George Pal cessa là ses activités de réalisateur et mit quatre ans avant de pouvoir monter financièrement un nouveau long-métrage, La Guerre des cerveaux de Byron Haskin.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en avril 1998

 

© Gilles Penso


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