GUNGALA, LA PANTHÈRE NUE (1968)

Ruggero Deodato passe derrière la caméra pour la seconde aventure exotique de la sympathique tarzane incarnée par Kitty Swan…

GUNGALA LA PANTERA NUDA

 

1968 – ITALIE

 

Réalisé par Ruggero Deodato

 

Avec Kitty Swan, Micaela Pignatelli, Angelo Infanti, Jeff Tangen, Alberto Terrani, Giancarlo Sisti, M. Piero Buzzi

 

THEMA EXOTISME FANTASTIQUE

On a souvent tendance à résumer Ruggero Deodato à un seul film, le mythique Cannibal Holocaust. Mais ce serait oublier que ce prolifique réalisateur a abordé toutes les facettes du cinéma fantastique depuis ses premiers tours de manivelle au milieu des années 60, du gore exotique au slasher mâtiné de survival en passant par la science-fiction, l’heroïc fantasy et le film catastrophe. Vingt-cinq longs-métrages et des dizaines d’épisodes de séries télévisées jalonnent sa filmographie, sans compter la trentaine de films sur lesquels il assura à ses débuts les postes d’assistant réalisateur ou de réalisateur de deuxième équipe, pour des cinéastes aussi variés que Roberto Rossellini, Sergio Corbucci, Antonio Margheriti ou Riccardo Freda. Le voici ainsi embarqué en 1968 sur Gungala, la panthère nue, même si au départ ce n’est qu’en tant qu’assistant. Suite au succès honnête de Gungala la vierge de la jungle, une suite est en effet mise en chantier. Mais ce second film est plus ambitieux, nanti d’un budget un peu plus conséquent, et le réalisateur Romano Ferrara s’avère incapable de mener à bien les scènes les plus compliquées. Deodato est appelé à la rescousse à plusieurs reprises pour lui prêter main-forte, avant de se voir finalement confier le film entier, qu’il signe sous le pseudonyme de Roger Rockfeller.

Même si la jungle sauvage du film est reproduite avec un indiscutable talent dans le studio italien De Paolis, certains décors sont trop excessifs pour convaincre. C’est notamment le cas de l’oasis dans lequel vit notre héroïne : un étang, des perroquets multicolores, des flamands, des paniers garnis d’ananas et de bananes, et même une petite échelle qui mène vers un lit recouvert d’une couette en peau de bête ! Conscient que l’absence de vrais décors exotiques finit par se faire sérieusement sentir, Deodato exige d’ailleurs dix jours de tournage additionnels en extérieurs au Kenya, afin de filmer les animaux de la jungle et des plans larges de Gungala qui court dans la savane au milieu des zèbres. Le film y gagne sensiblement en « production value ».

La déesse de la jungle

Dans ce second épisode d’une mini-saga qui n’en comportera que deux, Jeff Tangen reprend le rôle du scientifique Chandler tandis que l’acteur Angelo Infanti joue l’explorateur Morton, engagé par une compagnie d’assurance pour retrouver Gungala dans la jungle. Dans le scénario initial, Morton est l’antagoniste principal, mais Deodato aime bien l’acteur et le transforme en héros. D’où une évolution bizarre de l’intrigue au cours de laquelle Chandler devient soudain le vilain cupide et où Morton se mue en amoureux transi de Gungala, au grand dam de sa petite amie Julie (Micaela Pignatelli). Le film ne recule alors devant aucun tableau idyllique naïf, comme cette séance photo devant l’épave d’un avion au son d’une musique jazzy langoureuse. Il faut reconnaître que les scènes d’action sont ici mieux menées que dans le premier film, que les combats sont plus musclés et que l’action se pare de quelques scènes audacieuses comme celle où Gungala arrive à la rescousse à dos d’éléphant en digne héritière de Tarzan. Si Ruggero Dedotao profitera de ce pied à l’étrier pour démarrer avec succès sa carrière de réalisateur, la belle Kitty Swan, victime d’un destin tragique, n’aura pas la même chance. Grièvement brûlée pendant le tournage de Tarzan and the Brown Prince en 1972, elle stoppera net son métier d’actrice et disparaîtra hélas de la nature.

 

© Gilles Penso


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