X-TRO II, ACTIVITÉS EXTRA-TERRESTRES (1991)

Une fausse suite de X-Tro qui cherche surtout son inspiration du côté d’Alien en donnant la vedette à l’ex-héros de Supercopter

X-TRO II : THE SECOND ENCOUNTER

 

1991 – CANADA

 

Réalisé par Harry Bromley Davenport

 

Avec Jan-Michael Vincent, Paul Koslo, Tara Buckman, Jano Frandsen, Nicholas Lea, W.F. Wadden, Rolf Reynolds, Nic Amoroso, Bob Wilde, Rachel Hayward

 

THEMA EXTRA-TERRESTRES

X-Tro avait défrayé la chronique en son temps, non parce qu’il s’agissait d’un chef d’œuvre de la science-fiction mais parce que son réalisateur Harry Bromley Davenport avait réussi à bricoler avec les moyens du bord – autrement dit un budget extrêmement réduit et un nombre limité d’acteurs et de décors – l’un des films d’extra-terrestres les plus originaux et les plus singuliers de sa génération, à une époque où le thème était pourtant surexposé sur les écrans. Le climat très étrange de X-Tro était d’ailleurs partiellement involontaire, certains des choix forcés de Davenport ayant été interprétés comme des partis-pris artistiques. Toujours est-il que le titre X-Tro fit rêver beaucoup de fantasticophiles, en ces temps reculés où les vidéoclubs exhibaient généreusement des jaquettes alléchantes. Dix ans plus tard, alors qu’il n’est pas parvenu à transformer l’essai et que le besoin d’argent se fait ressentir, le cinéaste se lance un peu à contrecœur dans un X-Tro 2 au titre trompeur qui s’octroie abusivement le statut de séquelle, alors qu’il n’a en fait aucun rapport avec le premier film. Le fait est que Davenport possède alors les droits du nom « X-Tro » mais pas ceux de l’histoire ni des personnages. Il demande alors à un quatuor de scénaristes (Edward Kovach, Robert Smith, Stephen Lister et John A. Curtis) d’imaginer un nouveau récit, histoire de capitaliser sur un titre dont l’éclat brille encore un peu.

Le docteur Alex Summerfield (Paul Koslo) travaille dans un laboratoire souterrain, le Nexus, entièrement contrôlé par ordinateur, pour se livrer à des expériences top secrètes sur la téléportation. Il envoie trois volontaires dans une autre dimension, sous les yeux du secrétaire américain à la Défense Bob Kenmore (Bob Wilde). Mais l’opération se passe mal. Deux des cobayes meurent et le troisième, Marshall (Tracy Westerholm), ramène dans son ventre un monstre extra-terrestre, ce qui est ballot (et nous rappelle donc vaguement le premier X-Tro). Le docteur Ron Shepherd (Jan Michael Vincent, dans sa période post-Supercopter), contre lequel Summerfield a de sérieux griefs, va tenter de maîtriser la situation. Tout bascule dans la panique et dans l’horreur lorsque le monstre s’échappe de sa prison de chair et sème la mort alentours.…

Le X-Tro de trop…

Si X-Tro II n’a donc aucun lien avec X-Tro, il ressemble presque à la suite d’un film imaginaire, les protagonistes ne cessant de faire allusion à des événements qui les mettent en cause trois ans auparavant. Ces précautions ont-elles été prises pour justifier le « II » accolé au titre ? Peu importe, car le thème de ce film, la téléportation dans un monde parallèle, voit ses prometteuses possibilités gâchées par un plagiat éhonté des deux premiers Alien. Tout y est : le cosmonaute qui ramène un monstre de son expédition, puis la bête qui traverse de l’intérieur la poitrine de l’infortunée victime pour s’échapper dans les conduits, se cacher dans le noir et tuer un à un les membres d’un commando qui se prennent pour Rambo en les chassant dans les sombres corridors… Rarement pillage est allé aussi loin. La créature elle-même, conçue par Charlie Grant et Wayne Dang, est largement inspirée par le travail de Giger. Par conséquent, même lorsque l’action est efficacement rythmée (comme lors de la scène de la chute de l’ascenseur), le terrain est tellement connu que le spectateur refuse de jouer le jeu. Rétrospectivement, Harry Bromley Davenport garde un très mauvais souvenir de cette expérience. « C’est un très mauvais film qui n’est pas du tout une suite », avoue-t-il. « C’était un film horrible avec comme acteur principal un ivrogne, Jan Michael Vincent, qui vagabondait, vomissait et frappait les gens. Il était épouvantable. Il ne devrait plus jamais être employé comme acteur. Il était presque constamment ivre sur le plateau » (1). Les finances venant à manquer, Davenport commettra tout de même un X-Tro III en 1995.

 

(1) Extrait d’une interview publiée dans Cinefantastique en novembre 1995

 

© Gilles Penso


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