RÉVEILLON SANGLANT (1987)

Six jeunes adultes s’échouent sur une île mystérieuse dans laquelle le temps semble s’être arrêté le soir du réveillon de l’année 1959…

BLOODY NEW YEAR

 

1987 – GB

 

Réalisé par Norman J. Warren

 

Avec Suzy Aitchison, Nikki Brooks, Colin Heywood, Mark Powley, Catherine Roman, Julian Ronnie, Steve Emerson, Steve Wilsher, Jon Glentoran, Val Graham

 

THEMA FANTÔMES

Norman J. Warren est un grand spécialiste du cinéma d’épouvante. Même si ses films ne brillent jamais par leur finesse, notre homme continue de creuser le même sillon avec opiniâtreté, gorgeant sa filmographie de sorcières sanglantes, de créatures extra-terrestres anthropophages et de mutants agressifs. Après L’Esclave de Satan, Le Zombie venu d’ailleurs, La Terreur des morts-vivants et Inseminoïd, le voilà à l’œuvre sur Réveillon sanglant, aussi connu chez nous sous le titre Les Mutants de la Saint-Sylvestre. C’est la productrice Maxine Julius qui est à l’initiative du film. Après avoir collaboré avec Warren sur la comédie d’espionnage Gunpowder, elle lui demande de réfléchir à un nouveau film d’horreur. En sept jours seulement, avec l’aide du producteur délégué Hayden Pearce, le réalisateur écrit le script improbable de ce Réveillon sanglant conçu comme un hommage aux films d’épouvante et de science-fiction des années 50, ce que confirmera l’emploi d’extraits de la sympathique série B Monstres invisibles (Fiend Without a Face) qui sont fournis gratuitement à Warren par le producteur Richard Gordon. L’une des sources d’inspiration avouées de Réveillon sanglant est la série La Quatrième dimension. Au fil du film, on décèle aussi l’influence de Shining et Evil Dead.

Le prologue, tourné en noir et blanc, se situe dans la salle de bal de l’hôtel Grand Island, le soir du réveillon du Nouvel An, le 31 décembre 1959. Les jeunes fêtards festoient aux accents d’un rock’n roll endiablé, mais un événement mystérieux semble tout interrompre subitement… et nous voilà dans les années 80. Avec la mise en scène brute et maladroite qui le caractérise, la caméra souvent portée, Norman J. Warren filme des acteurs manifestement semi-amateurs dans des décors naturalistes qu’il s’efforce de rendre inquiétants. Ses protagonistes sont trois couples de jeunes gens qui échappent aux griffes de trois voyous agressifs dans une fête foraine et prennent la fuite à bord d’un petit bateau. Au large, l’embarcation heurte des récifs et se met à couler, poussant nos six naufragés à trouver refuge sur l’île de Grand Island. L’hôtel local semble désert, décoré pour les fêtes de fin d’année alors que nous sommes au mois de juillet. Bientôt, nos héros découvrent que les voyous les ont suivis jusque sur l’île. Mais un danger encore plus grand les menace sur place…

Le monstre en tissu et les zombies fripés

Le scénario basique et très évasif de Réveillon sanglant s’affuble de dialogues un peu idiots constellés de répliques au second degré (« on se croirait dans un film d’horreur », « on dirait que tu as vu un fantôme »). Le comportement souvent absurde de ces jeunes écervelés n’aide évidemment pas les spectateurs à s’intéresser à leur sort. Les bizarreries n’arrivent qu’au compte-goutte, sur la pointe des pieds : une femme de chambre venue de nulle part, un reflet étrange dans un miroir, des boules de billard qui bougent seules, un groupe de rock qui apparaît et disparaît dans la salle de bal, un feu d’artifice qui se déclenche dans la cave, un aspirateur qui n’en fait qu’à sa tête… Quand le surnaturel s’invite enfin plus frontalement, les effets spéciaux sont si primitifs, la mise en scène si maladroite et les acteurs tellement peu concernés que l’on ne peut s’empêcher de rire là où Warren aurait visiblement voulu que l’on frissonne. Mais comment garder son sérieux face à ce monstre en tissu, ces zombies au visage fripé, ce mobilier qui mord les gens ou cet ascenseur qui attaque ses occupants ? Tout ça finit par ressembler à un mauvais train fantôme – comme celui que Warren montrait en tout début de métrage dans la fête foraine. Mettant la pédale douce sur le gore et l’érotisme – deux de ses ingrédients favoris – pour toucher un plus large public, le cinéaste nous livre un petit film mal-fichu qui sera directement exploité sur le marché vidéo en septembre 1987 en Angleterre puis dans le reste du monde.

 

© Gilles Penso


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