LA BÊTE (1996)

Ce long téléfilm inspiré d’un roman de l’auteur des « Dents de la mer » raconte les méfaits d’un calamar géant revanchard…

THE BEAST

 

1996 – USA

 

Réalisé par Jeff Bleckner

 

Avec William L. Petersen, Karen Sillas, Charles Martin Smith, Ronald Guttman, Missy Crider, Sterling Macer Jr, Larry Drake

 

THEMA MONSTRES MARINS

Ce long téléfilm est une adaptation assez libre du roman « The Beast » (publié en 1991) de Peter Benchley, l’homme qui écrivit le best-seller « Les Dents de la mer ». Et de fait, les similitudes entre cette Bête et le chef d’œuvre aquatique de Steven Spielberg sont légion. Ici aussi, nous avons droit à la petite cité balnéaire menacée par un monstre marin, au politicien véreux qui tente d’étouffer le scandale, aux premières victimes nocturnes dans la scène d’introduction, au shérif, au pêcheur et à l’océanographe qui partent en mer pour affronter la créature sur son propre terrain… Bref, on croirait presque visionner un remake des Dents de la mer dans lequel le grand requin blanc aurait été remplacé par un calamar gigantesque. Pourtant, La Bête n’a jamais l’allure d’un plagiat et se hisse même assez haut d’un point de vue qualitatif. Tout le mérite en incombe à la mise en scène impeccable du téléaste Jeff Bleckner (vétéran de Dynastie, Hill Street Blues et autres Remington Steele) et à un casting des plus solides.

Parmi les comédiens qui se prêtent à cette chasse au calamar, donnons une mention spéciale au trop sous-estimé William Petersen (héros du Sixième sens de Michael Mann, promu superstar grâce à la série Les Experts) en pêcheur désabusé et charismatique, à Charles Martin Smith (l’un des Incorruptibles de Brian de Palma) en businessman dégoulinant de duplicité, et à Larry Drake (le méchant patibulaire de Darkman et Docteur Rictus) en braconnier rougi par l’alcool dès les premières lueurs de l’aube. Car là est toute la force de La Bête : privilégier les personnages aux séquences d’action, sans pour autant sombrer dans les travers caricaturaux du film catastrophe primaire. Le monstre lui-même – ou plutôt les monstres, car ici il y a un calmar enfant et un modèle adulte cinq fois plus grand – est une belle réussite, combinant maquettes miniatures et marionnettes mécaniques grandeur nature.

La revanche de la créature

L’idée de mettre en scène la revanche d’une créature marine vengeant la mort de sa progéniture évoque Orca, une autre imitation des Dents de la mer, mais la lutte à mort entre le pêcheur Whip Dalton (Petersen) et le calamar géant semble surtout trouver ses racines dans le « Moby Dick » d’Herman Melville. Cela dit, lorsque le monstre empoigne à grands coups de tentacules l’embarcation des protagonistes au beau milieu d’un océan nocturne déchaîné, on ne peut s’empêcher de repenser au magnifique 20 000 lieues sous les mers de Richard Fleischer, qui mettait en scène quarante-deux ans plus tôt une séquence fort similaire, avec un panache encore inégalé aujourd’hui. Malgré ce tissu de références cinématographiques et littéraires, La Bête parvient à exhaler sa propre personnalité et son propre style. Ceux d’un téléfilm de haut niveau accommodé d’une belle partition signée Don Davis (le compositeur attitré des Wachowski), qui rebutera principalement les amoureux du roman original prompts à crier à la trahison pure et simple. Long de 180 minutes dans son montage original, La Bête fut ramené à une durée de 83 minutes pour certaines de ses diffusions en Allemagne.

 

© Gilles Penso


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