DOCTEUR RICTUS (1992)

Persuadé d’être un médecin bien sous tous rapports, un dangereux tueur fou s’évade d’un hôpital psychiatrique et sème la terreur…

DR GIGGLES

 

1992 – USA

 

Réalisé par Manny Cotto

 

Avec Larry Drake, Holly Marie Combs, Cliff de Young, Glenn Quinn, Keith Diamond, Richard Bradford, Michelle Johnson, John Vickery, Nancy Fish, Sara Melson

 

THEMA TUEURS I MÉDECINE EN FOLIE

Même s’il sévit au cinéma et à la télévision depuis le début des années 70, le comédien Larry Drake est vraiment passé sous le feu des projecteurs grâce à Darkman, dans lequel Sam Raimi lui offrait le rôle du gangster impitoyable Robert G. Durant. Son physique impressionnant se mit soudain à attirer les réalisateurs en quête de profils atypiques. Le voici donc en tête d’affiche de Docteur Rictus, un film d’horreur cynique et excessif réalisé et co-écrit par Manny Cotto. Futur spécialiste de la production et de l’écriture de séries prestigieuses telles qu’Au-delà du réel l’aventure continue, Star Trek Enterprise, 24 heures chrono, Dexter ou American Horror Stories, Cotto n’est pas encore particulièrement « bankable » lorsqu’il s’attaque à Docteur Rictus, même s’il a déjà réalisé quelques épisodes de séries TV (Monsters, Les Contes de la crypte), le film d’horreur Schizo et le thriller Envoyé spécial. Mais avec ce scénario délirant s’appuyant sur un concept de croquemitaine original, le cinéaste sent bien qu’il tient l’occasion de se lâcher en montrant toute l’étendue de son talent et de son inventivité. Le budget très raisonnable du film lui laisse justement la latitude nécessaire pour pouvoir s’exprimer sans trop de contrainte.

Le générique de début nous plonge déjà au cœur de l’action – au sens propre. La caméra se promène en effet à l’intérieur du corps d’un homme mort sur une table d’opération. Les images de synthèse ne sont pas d’une très grande subtilité, mais l’énergie de cette entrée en matière emporte le morceau. Maniant le bistouri avec une allégresse trop excessive pour être normale, Evan Rendell (Larry Drake) est un psychopathe qui se prend pour un chirurgien. Après avoir charcuté l’un des médecins de l’institut psychiatrique où il croupissait, notre homme s’évade et regagne la petite ville américaine où il a grandi, Moorehigh. Les habitants du coin n’ont pas oublié les méfaits de son père, le docteur Rendell qui assassina plusieurs donneurs non consentants dans l’espoir de greffer un cœur tout neuf à son épouse malade. Ses parents ayant violemment passé l’arme à gauche, Rendell Junior prend la décision de parachever l’œuvre paternelle. « Cette ville t’as tué, elle est malade et doit être soignée » dit-il au portrait de son défunt père, regagnant la vieille maison familiale en ruines à côté de laquelle le Bates Motel est un modèle d’accueil et de sérénité.

Médecine dure

Le physique de Larry Drake et son jeu outré sont bien sûr les atouts majeurs du film, mais sans les trouvailles sans cesse renouvelées de Manny Cotto, Docteur Rictus n’aurait résolument pas le même impact. Ne reculant devant aucune exubérance, le cinéaste cultive un humour au second degré permanent et sature sa mise en scène d’effets appuyés qui semblent reprendre à leur compte l’imagerie des comic books horrifiques (des couleurs saturées, une photo très contrastée, des cadrages volontiers obliques, en plongée ou en contre-plongée, des mouvements de caméra parfois acrobatiques), le tout rythmé sur une musique excessive de Brian May (Mad Max). Les meurtres sont donc innovants et saugrenus, les angles de vue volontiers insolites (comme lorsque la caméra se retrouve à l’intérieur d’une bouche qui fait « ah », réminiscence d’un plan mémorable de La Petite boutique des horreurs), les situations originales (le chassé-croisé dans le palais des glaces) et le gore généreux (le flash-back avec l’enfant ensanglanté qui surgit de l’intérieur du ventre déchiré d’un cadavre !). Docteur Rictus se déguste donc avec délectation, détournant les clichés d’usage (les lycéens qui festoient, la vieille maison sinistre, les jeunes couples qui passent l’arme à gauche) sans autre ambition que distraire les fans d’horreur en leur en donnant pour leur argent, avec le comptant nécessaire de rebondissements en cascade pendant son dernier acte.

 

© Gilles Penso


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