PERSÉE L’INVINCIBLE (1963)

Une relecture spectaculaire d’un des plus célèbres épisodes de la mythologie, riche en batailles épiques et en monstres agressifs…

PERSEO L’INVICIBILE

 

1963 – ITALIE

 

Réalisé par Alberto de Martino

 

Avec Richard Harrison, Arturo Dominici, Anna Ranalli, Leo Anchoriz, Antonio Molino Rojo, Roberto Camardiel, Elisa Cegani, Angel Jordan, Fernando Liger

 

THEMA MYTHOLOGIE

Pour son troisième long-métrage, Alberto de Martino (futur réalisateur de L’Antéchrist et Holocaust 2000) décide de profiter de la grande popularité des péplums italiens pour s’attaquer à la légende de Persée, l’homme qui osa défier la redoutable Méduse dans la mythologie grecque (et dont Ray Harryhausen allait conter l’histoire avec panache dans Le Choc des Titans). Persée l’invincible commence par une scène de guerre entre les cités d’Argos et Seriphos. Tombés dans une embuscade tendue par l’armée rivale, Alcée (Angel Jordan) et ses hommes sont en déroute. Un malheur n’arrivant jamais seul, voici qu’un dragon surgi des eaux leur barre la route. Cette création mécanique grandeur nature signée Carlo Rambaldi (l’homme qui concevra les aliens de Rencontres du troisième type et d’E.T.) nous rappelle à plus petite échelle le dragon qu’affrontait Siegfried dans Les Nibelungen et permet au film de démarrer d’emblée sur une note spectaculaire et fantastique. La bataille entre le monstre et le berger Persée (Richard Harrison) bénéficie d’une mise en scène et d’un montage efficaces qui permettent de contourner habilement les limitations techniques de la marionnette. La mise à mort du dragon, en revanche, s’avère frustrante, dans la mesure où le combat s’achève sous l’eau dans la confusion la plus totale.

Battant en retraite, nos hommes ne sont pas au bout de leurs peines, puisque les voilà égarés dans la vallée des pétrifiés, un magnifique décor surréaliste prolongé par une peinture sur verre. Là surgit la Méduse qui les transforme en statues de pierre. Faisant fi des représentations traditionnelles de la créature, celle du film (toujours signée Rambaldi) prend les allures d’une sorte d’arbre vivant qui marche, affublé d’un œil unique et lumineux. Original à défaut d’être pleinement convaincant, ce design audacieux montre des limites que ne connaîtra pas la superbe gorgone animée en 1981 par Harryhausen. Mais l’on sait Rambaldi peu amateur de stop-motion. « Je n’aime pas l’image par image, je trouve que ça ne donne pas de bons résultats », affirmait-il quelques décennies plus tard. « Le plus grand animateur du monde, Ray Harryhausen, n’a jamais gagné d’Oscar. Il est arrivé à un maximum et il manque toujours à ses réalisations un petit quelque chose, un certain réalisme » (1). Oscar ou pas, les monstres du Choc des Titans enfoncent bien sûr ceux de Persée l’invincible, et c’est par pure charité que nous éviterons de comparer le King Kong en stop-motion de 1933 à la version conçue par Rambaldi en 1976. Mais revenons à nos guerriers antiques…

L’œil de la Méduse

Après avoir exhibé ses deux monstres principaux, le film d’Alberto de Martino se concentre sur des péripéties plus triviales : Persée qui tombe amoureux d’Andromède (Anna Ranalli), son rival Galenor (Leo Anchoriz) qui fomente des plans de domination en ricanant sous cape, des histoires rocambolesques de trahisons, d’usurpation de trône et de soulèvement des opprimés… Le tout s’achemine vers une bataille finale entre Argos et Seriphos riche en rebondissements. Machines de guerre, chevaux par centaines, catapultes, huile chaude, portes enfoncées, figuration abondante, la production dépense sans compter pour que le spectateur en ait pour son argent, mettant à contribution de superbes décors édifiés sur les plateaux de Cinecitta. Parallèlement à ce combat à grande échelle, Persée s’en va affronter la Méduse pour ramener à la vie ses victimes et gonfler ainsi les rangs de l’armée de Seriphos. Persée l’invincible ne manque donc pas d’attrait, même si la plus belle de toutes les transpositions à l’écran de la mythologie grecque demeure Jason et les Argonautes de Don Chaffey, sorti sur les écrans la même année. Aux États-Unis, le film est connu sous le titre fantaisiste de Medusa Against The Son of Hercules.

 

(1) Extrait d’un entretien avec Yves-Marie Le Bescond publié dans Mad Movies en avril 1985.

 

© Gilles Penso


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