L’ATTAQUE DE LA PIN-UP GÉANTE (1995)

Une aspirante au prix de la « pin-up de l’année » ingurgite des hormones expérimentales et se mue en bimbo de 18 mètres de haut !

ATTACK OF THE 60 FOOT CENTERFOLDS

 

1995 – USA

 

Réalisé par Fred Olen Ray

 

Avec J.J. North, Ted Monte, Raelyn Saalman, Tammy Parks, Tim Abell, Jay Richardson, John Lazar, Michelle Bauer

 

THEMA NAINS ET GÉANTS

Réalisé deux ans après L’Attaque de la femme de 50 pieds de Christopher Guest, lui-même remake au second degré de l’inénarrable Attack of the 50-foot Woman de Nathan Juran, L’Attaque de la pin-up géante est une production Roger Corman budgétée à moins de 300 000 dollars. Cette minuscule enveloppe n’empêche pas le réalisateur Fred Olen Ray, habitué à l’économie des séries B, de voir grand. « J’ai été attiré par ce projet parce que c’était le seul film à ma connaissance, à l’exception du Village des géants, dans lequel seraient mis en scène deux êtres humains gigantesques en train de se battre », avouait-il. « C’était un peu comme dans La Guerre des monstres. J’aimais beaucoup l’idée de montrer le combat de deux femmes géantes en plein Hollywood. Après avoir expliqué à Roger Corman ce que j’avais en tête, la pression est devenue forte parce qu’il fallait que je trouve le moyen d’y parvenir » (1). Effectivement, impossible de se payer des effets spéciaux haut de gamme et des trucages numériques dernier cri. Olen Ray opte donc astucieusement pour des perspectives forcées et des accessoires miniatures et obtient grâce à ces techniques peu coûteuses des résultats globalement très efficaces. Pour le reste, il mise principalement sur le charme de son actrice principale.

Pour remporter le prix prestigieux de la « Pin-Up de l’année », l’ambitieuse Angel (J.J. North) décide d’ingurgiter des hormones expérimentales dans le secret le plus absolu. « Notre traitement d’embellissement agit sur la croissance des cellules » lui promet le médecin qui s’occupe d’elle. Or les rats sur lesquels il faisait des expériences sont devenus des mutants géants (autrement dit des acteurs dans des costumes en peluches très drôles à défaut d’être convaincants) et l’un d’eux vient de s’échapper. Pendant un week-end organisé chez le patron de la compagnie Plaything se déroule la compétition visant à déterminer qui remportera le titre. Mais le matin de la séance photo qui doit se dérouler sur la plage, Angel se réveille en retard avec une terrible gueule de bois. Elle ingurgite alors tout le stock d’hormones en une seule prise, persuadée que les choses vont s’arranger d’elles-mêmes. Bien sûr, c’est le contraire qui se produit. Après une première étape de mutation où son visage se transforme furtivement en celui d’un monstre (via un effet de morphing), notre blonde ingénue se métamorphose en créature de rêve… de 18 mètres de haut !

La guerre des bikinis

Bourré de clins d’œil, L’Attaque de la pin-up géante se paie bon nombre de références cinéphiliques (un certain monsieur Griffin au visage couvert de bandelettes dans une salle d’attente, un magazine consacré aux films de la Hammer, la reprise de l’effet du verre d’eau de Jurassic Park avec une bouteille de bière qui tremble dans une voiture à l’approche de la géante) et se laisse même aller à l’humour nonsensique cher au trio Zucker-Abrahams-Zucker, notamment avec cette fille encombrée d’une tonne de bagages qui voit son chemin jonché d’obstacles de plus en plus improbables. Affublé de personnages caricaturaux (le photographe beau gosse qui drague toutes les filles, l’émule de Hugh Heffner, le stagiaire maladroit, le savant improbable, le dératiseur macho), d’acteurs sans finesse, d’une mise en scène pataude, d’une musique synthétique pompière et d’une esthétique de film érotique bon marché, L’Attaque de la pin-up géante se laisse pourtant déguster sans trop de déplaisir, grâce à sa bonne humeur communicative et totalement décomplexée. Quelques guest-stars y pointent le bout de leur nez, comme Russ Tamblyn en pompiste témoin d’une apparition d’OVNI ou Forrest J. Ackerman en figurant déguisé en Dracula, et tout s’achève comme il se doit par un affrontement entre la gentille géante en bikini blanc et sa méchante rivale en bikini noir au beau milieu de Hollywood Boulevard.

 

(1) Extrait d’une interview publiée dans « Femme Fatales » en 1995.

 

© Gilles Penso


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