ATTACK OF THE 50 FOOT WOMAN (1958)

Derrière ce magnifique poster et ce titre devenu culte se cache l'un des nanars les plus désarmants de la SF des années 50

ATTACK OF THE 500 FOOT WOMAN

1958 – USA

Réalisé par Nathan Juran

Avec Allison Hayes, William Hudson, Yvette Vickers, Roy Gordon, George Douglas, Frank Chase

THEMA NAINS ET GÉANTS I EXTRA-TERRESTRES

Nathan Juran, qui connaît en 1958 une heure de gloire avec Le 7ème Voyage de Sinbad, signe la même année, sous le pseudonyme de Nathan Hertz, cet inénarrable Attack of the 50 Foot Woman dont le scénario est signé Mark Hanna (Not of this Earth, The Undead, The Amazing Colossal Man). Nancy Archer (Allison Hayes) roule tranquillement dans le désert californien quand soudain apparaît dans les cieux un satellite sphérique. Quelques mois plus tôt, l’objet volant aurait probablement été une traditionnelle soucoupe volante, mais le lancement tout récent de Spoutnik dans l’espace pousse le scénariste à opter pour un satellite, plus dans l’air du temps à ses yeux. 

De l’appareil surgit bientôt un extra-terrestre humanoïde de quinze mètres de haut, affublé d’une pilosité abondante sur l’ensemble de son corps sauf sur son crâne désespérément chauve. Echappant aux griffes de l’inquiétant colosse (incarné par Michael Ross, qui joue aussi un barman dans le film), Nancy rentre chez elle passablement affolée. En écoutant son témoignage, son époux Harry (William Hudson) se contente de rétorquer : « Tu sais, tout le monde voit des satellites ces jours-ci ». Il faut dire que cet homme bourru est surtout occupé à cocufier sa femme avec la volage Honey Parker (Yvette Vickers). Quant à la police, elle met cet extra-terrestre sur le compte des nombreuses élucubrations d’une jeune femme habituée à taquiner de près les bouteilles d’alcool, ce qui lui valut par le passé un séjour prolongé dans une institution psychiatrique. Cupide, Harry aimerait profiter de l’occasion pour interner définitivement Nancy et récupérer au passage un confortable héritage de cinquante millions de dollars. Mais le géant chauve refait son apparition et soumet sa féminine victime à des radiations. La raison des actes de l’alien gigantesque demeurera inconnue, mais ce n’est qu’une des nombreuses lacunes d’un scénario aussi peu étanche qu’une passoire. Désormais grande comme King Kong, Nancy revient en ville, bien décidée à assoiffer sa vengeance. 

Une féministe grande comme King Kong

Avec un tel script sur les bras, Nathan Juran fait ce qu’il peut, c’est-à-dire pas grand-chose. Il n’a guère la possibilité de se rabattre sur les effets spéciaux, tant le budget du film (estimé à 88 000 dollars) s’avère anémique. Le trucage le plus fréquemment employé est donc une main féminine géante en papier mâché qui se promène dans le décor et attaque tour à tour les médecins, le mari et la maîtresse. Malheureusement, le peu de soin apporté à la construction de cette main figée saborde toutes les scènes où elle entre en jeu. Quant aux rares confrontations entre la géante et les autres personnages, elles sont obtenues par des surimpressions ratées : chaque fois que Nancy passe devant un objet à l’arrière-plan, elle devient transparente comme un fantôme ! Autant dire qu’entre deux éclats de rire, le spectateur finit par trouver le temps long, même si le film ne dure qu’une petite heure. Pourtant, Attack of the 50 Foot Woman rentrera largement dans ses frais, rapportant 480 000 dollars, et se muera bien vite en film culte auprès des fans du genre.
 
© Gilles Penso

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