LA SŒUR DE SATAN (1966)

Barbara Steele fait une petite apparition dans cette histoire abracadabrante de sorcellerie qui marque les débuts du réalisateur Michael Reeves

THE SHE BEAST

 

1966 – GB

 

Réalisé par Michael Reeves

 

Avec Barbara Steele, Ian Ogilvy, John Karlsen, Mel Welles, Lucretia Love, Joe Riley, Richard Watson, Edward B. Randolph, Peter Grippe, Ennio Antonelli

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE

Après avoir illuminé de sa beauté altière plusieurs perles du cinéma gothique italien (Le Masque du démon, L’Effroyable secret du Dr. Hichcock, Danse macabre, Les Amants d’outre-tombe), Barbara Steele s’échoue à contrecœur dans cette Sœur de Satan qui, avouons-le, demeure très anecdotique. Son réalisateur, Michael Reeves, n’avait jusqu’alors signé qu’une poignée de courts-métrages tout en participant – sans en être crédité – au scénario du Château des morts-vivants de Luciano Ricci et Lorenzo Sabatini. Désireux de passer à la vitesse supérieure, il investit une bonne partie de son propre argent dans la production de La Sœur de Satan et réunit une petite équipe technique pour un tournage d’une vingtaine de jours en Italie. Aux côtés de Steele, Reeves met en scène Ian Ogilvy, un vieux camarade de classe qu’il avait perdu de vue depuis des années et qui démarre alors sa carrière d’acteur. Écrit par le réalisateur sous le pseudonyme de Michael Byron, avec l’aide officieuse de Mel Welles, Charles B. Griffith et F. Amos Powell, le scénario de La Sœur de Satan laisse légitimement perplexe.

Il y a 200 ans, en Transylvanie, des villageois armés de torches battent la campagne, mettent la main sur une vieille femme hideuse aux mains griffues et au visage démoniaque (interprétée par Jay Riley, dont le maquillage ne joue guère la carte de la subtilité, mettant en évidence ses dents acérées, sa peau flétrie et son regard fou). La foule déchainée lui transperce le corps avec une lance et la jette dans un lac. Le film nous transporte ensuite au présent où un jeune couple d’Anglais en pleine lune de miel, incarné par Ian Ogilvy et Barbara Steele, cherche son chemin dans la Transylvanie profonde et se retrouve dans un hôtel dont le tenancier accumule les tares : idiot, rustre, malhonnête, alcoolique et obsédé sexuel ! Pour la première fois de sa carrière, Barbara Steele joue un personnage contemporain dans un film d’horreur, troquant ses robes gothiques habituelles contre une tenue moderne lui donnant des faux airs de l’Emma Peel de Chapeau melon et bottes de cuir.

Van Helsing à la rescousse

Mais le spectateur n’en profite pas beaucoup dans la mesure où le temps de présence de la comédienne à l’écran reste limité. N’ayant qu’une journée de disponible pour ce film, elle doit se soumettre à un tournage marathon de dix-huit heures d’affilées pour satisfaire les besoins de la production (en échange d’un chèque de mille dollars). Son personnage disparaît donc de l’intrigue assez rapidement, après un accident de voiture qui la précipite dans un lac – celui-là même où fut jadis jetée la sorcière – et ne réapparaît qu’à deux minutes de la fin le temps d’un dénouement abracadabrant. Entre-temps, la vieillarde monstrueuse sème la panique tandis qu’un descendant de la famille Van Helsing (John Karlsen) tente de l’exorciser et que les policiers locaux se livrent à une course poursuite burlesque où les voitures roulent en accéléré comme dans une comédie avec Louis de Funès ! Reeves aurait bien supprimé cette séquence de poursuite ridicule – confiée aux bons soins de la seconde équipe sans sa supervision – mais le film n’aurait pas duré suffisamment longtemps. C’est l’une des concessions que notre homme doit donc accepter pour boucler cette première œuvre faite de bric et de broc. Michael Reeves ne réalisera que deux autres films, La Créature invisible et Le Grand inquisiteur, avant sa mort prématurée à l’âge de 25 ans suite à une surdose accidentelle de barbituriques.

 

© Gilles Penso


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