

Assassinée par des trafiquants d’êtres humains, une jeune femme réapparaît sous forme de fantôme pour aider son époux à se venger…
DOLAN’S CADILLAC
2009 – USA
Réalisé par Jeff Beesley
Avec Christian Slater, Emmanuelle Vaugier, Wes Bentley, Greg Bryk, Aidan Devine, Al Sapienza, Karen LeBlanc, Cory Generoux, Vivian Ng, Patrick Bird, Eugene Clark
THEMA TUEURS I FANTÔMES I SAGA STEPHEN KING
La nouvelle de Stephen King La Cadillac de Dolan, parue en 1993 dans le recueil Rêves et cauchemars, intéresse d’abord beaucoup la réalisatrice Stacy Title (L’Ultime souper) qui ne parvient malheureusement pas à mener son projet d’adaptation à terme après des années de développement. Sylvester Stallone et Kevin Bacon avaient pourtant donné leur accord pour y tenir les rôles principaux, ce qui aurait pu permettre au film d’accéder à un budget confortable et à un large circuit de distribution international. Le film redémarre momentanément avec le réalisateur canadien Erik Canuel (qui participa à la série Dead Zone), mais ce dernier jette l’éponge à son tour face aux coupes budgétaires de dernière minute, cédant la place au spécialiste des séries télévisées Jeff Beesley. Sur un scénario de Richard Dooling (co-auteur de Kingdom Hospital, le remake américain de la série L’Hôpital et ses fantômes), Beesley signe un thriller très soigné, à la mise en scène racée et à la photographie somptueuse se déployant sur toute la largeur du format Cinémascope.


Alors qu’elle se promène à cheval dans le désert, Elizabeth Robinson (Emmanuelle Vaugier), une jeune institutrice, assiste à une tractation sanglante autour d’un trafic d’êtres humains. Elle panique et prend aussitôt la fuite. Mais le gangster James Dolan (Christian Slater), qui se déplace dans une Cadillac 4×4 blindée, est prêt à tout pour faire taire ce témoin gênant. S’ensuit une vision de cauchemar : pour l’inciter à oublier ce qu’elle a vu, on a placé chez Elizabeth le cadavre d’une clandestine dont le doigt a été cousu à la bouche, dans une position qui intime le silence. Terrifiée, la jeune femme veut tout de même témoigner, malgré l’avis de son mari Tom (Wes Bentley), lui aussi instituteur. On assure alors leur protection jusqu’au procès. Mais le jour où elle sort pour acheter un test de grossesse, Elizabeth meurt dans l’explosion de sa voiture piégée. Dévasté, Tom achète un revolver et prépare sa vengeance. C’est alors que le spectre de sa défunte épouse lui apparaît pour l’aider dans sa mission…
La place du mort
A priori, Dolan’s Cadillac n’est pas un film fantastique mais plutôt un polar émaillé d’accès de violence. Le surnaturel occupe pourtant une place particulière dans l’intrigue, car le fantôme d’Elizabeth, le visage à moitié brûlé, vient régulièrement rendre visite à Tom au cours de sa quête vengeresse. Dans la nouvelle, le héros n’entendait qu’une voix intérieure, écho de sa propre conscience, et avait de temps en temps le sentiment de sentir le contact de doigts d’outre-tombe. « J’eus l’impression qu’une main glacée me caressais la nuque » raconte-t-il ainsi à la première personne. Ici, la revenante prend corps de manière plus concrète. Péchant par fidélité, le film utilise parfois la voix off du personnage pour traduire ses états d’âme, mais le processus est un peu artificiel et surtout inutile, puisqu’il se contente de paraphraser la narration. La vengeance elle-même est une merveille de machination digne de Mission Impossible, que Stephen King élabora avec l’aide de son frère Dave, professeur de mathématiques, et que le film restitue avec la même précision diabolique.
© Gilles Penso
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