DRAGON FIGHTER (2003)

Un mixage à petit budget de Jurassic Park et Aliens qui donne la vedette à un dragon génétiquement modifié et au héros de Loïs & Clark

DRAGON FIGHTER

 

2003 – USA / BULGARIE

 

Réalisé par Philip J. Roth

 

Avec Dean Cain, Kristine Byers, Robert Zachar, Marcus Aurelius, Robert DiTillio, Vesela Dimitrova, Hristo Shopov, Chuck Eckert, Kelly Wilborn, Hector Kleist

 

THEMA DRAGONS

Dans le paysage foisonnant des productions télévisées à petit budget du début des années 2000, Dragon Fighter occupe une place singulière. Réalisé par Philip Roth (aucun lien avec l’écrivain), artisan régulier de la compagnie UFO (Unified Film Organization), ce film de science-fiction tente un étrange cocktail de manipulations génétiques, de huis clos militaire et de mythologie médiévale à travers une tentative audacieuse de transposer le mythe du dragon dans un contexte contemporain. Après un prologue médiéval, l’intrigue s’ouvre sur le capitaine David Carver, interprété par Dean Cain, ex-Superman de la série Loïs & Clark, reconverti ici en chef de la sécurité d’un centre de recherche ultraconfidentiel niché au sud de la Californie. Dans ce laboratoire, une équipe de scientifiques dirigée par le docteur Ian Drackovitch (Robert Zachar) s’efforce de ramener à la vie des espèces éteintes, notamment celles dont l’extinction est imputable à l’activité humaine. Lorsqu’un mystérieux fossile est ramené d’Angleterre, daté non pas de la préhistoire mais du XIIe siècle, Drackovitch voit l’occasion d’un exploit scientifique. Malgré les mises en garde de Carver, il décide de cloner l’organisme. L’expérience tourne rapidement à la catastrophe. Car la créature qui émerge est un véritable dragon, doté de la capacité de voler et de cracher le feu.

Sous la double influence manifeste de Jurassic Park et du Règne du feu, Dragon Fighter est tourné en Bulgarie, comme nombre de productions UFO, réutilisant des décors déjà vus dans d’autres films du studio comme Python II ou Shark Hunter. Ce qui frappe dès les premières minutes, ce sont les maniérismes de son montage. Pour dynamiser ses scènes de dialogues, Roth abuse d’écrans partagés façon 24 heures chrono, un tic visuel qui devient rapidement lassant. En outre, chaque personnage nouvellement introduit bénéficie d’un tableau de statistiques affiché à l’écran : nom, poids, capacités… à croire que les scientifiques et les militaires se collectionnent comme des cartes Pokémon ! Les effets visuels, réalisés entre la Bulgarie et la Californie, oscillent entre le convenable et le médiocre. Le dragon en images de synthèse qui course les protagonistes dans les corridors futuristes du laboratoire recycle de toute évidence les figures de style d’Alien. Le monstre adopte d’ailleurs une posture un peu humanoïde, perché sur ses pattes postérieures, les pattes antérieures en avant, les ailes repliées derrière lui, la gueule ouverte (aux allures de tête de tyrannosaure). Les héros ont beau être lourdement armés, c’est bien sûr inutile face au pouvoir incandescent du monstre.

Superman contre un dragon

Si Dean Cain (qui avait déjà joué sous la direction de Roth dans le sympathique Boa en 2002) s’en sort honorablement en militaire pragmatique, apportant au protagoniste qu’il incarne un certain charisme, les seconds rôles peinent à nous faire croire à leurs personnages, desservis par des dialogues souvent mécaniques (récités sans beaucoup de conviction) et une écriture trop fonctionnelle. Pourtant, malgré ses nombreux défauts et son budget anémique, Dragon Fighter conserve un certain charme et s’offre même des scènes de batailles aériennes entre le dragon, les avions militaires et les hélicoptères, le monstre menaçant de s’échapper pour gagner la ville la plus proche. Le film vaut d’ailleurs le détour principalement pour sa dernière demi-heure, au cours de laquelle les amateurs de fantastique et de science-fiction ont l’occasion d’assister à un spectacle inédit : ce n’est pas tous les jours qu’on assiste à un combat entre Superman et un dragon.

 

© Gilles Penso

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